L’Histoire et l’Historiographie de la période coloniale, dans l’espace nigérien, recommandent, voire exigent, aujourd’hui, en cette période de reconquête de notre souveraineté, des fils et filles de la Nation qu’ils soulèvent le voile avec lequel l’imposteur a délibérément couvert certains chapitres sombres de la colonisation.
En vérité, bouter hors des frontières nationales la soldatesque française stationnée sur notre sol, dénoncer les accords scélérats qui ont sclérosé notre développement, reconquérir notre souveraineté et indépendance véritable en coupant le cordon ombilical avec la métropole; cordon ombilical qui du reste n’existe que dans l’esprit des dirigeants français aidés, pour la circonstance, par les tenants d’un système politique à jamais révolu, remanier les cadres stratégiques des conventions qui lient notre pays à d’autres puissances étrangères, ne doivent être que des segments de cette dynamique irréversible de reconquête de la souveraineté nationale enclenchée par les fils et filles de la Nation sous la guidance du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP).
En effet, en cette période décisive de l’histoire de notre pays, une histoire qui est d’ailleurs en train d’être écrite par des Nigériens pour rétablir la vérité sur les faits qui se sont déroulés dans l’espace nigérien, il est opportun, par devoir de mémoire et pour une prise de conscience collective, d’exhumer les sujets sur les massacres massifs, exactions à ciel ouvert, violation inouïe des droits de l’homme, perpétrés par la France, ce même pays qui prétend défendre les droits de l’homme aujourd’hui, sur les populations nigériennes à travers des colonnes infernales de conquête coloniale, d’expéditions punitives qui y ont été dépêchées pour cimenter l’empire français.
La mission Afrique Centrale-Tchad communément appelée « mission Voulet-Chanoine », du nom des deux Officiers qui ont commandé la colonne militaire qui a procédé à un massacre systématique des populations tout au long de son odieux parcours, étalant la France dans toute sa laideur, l’esprit colonial dans toute sa puanteur, est assurément le dossier emblématique des violations massives des droits de l’homme commises par la France, pays des droits de l’homme !
A ce sujet, un film-documentaire de notre compatriote Sani Magori, cinéaste et documentariste, est en cours de réalisation pour rappeler le triste souvenir du « Drame de Konni » qui retrace, preuves, archives et témoignages à l’appui, « le massacre de 12.000 personnes dont des fillettes pendues, 700 femmes enlevées et 21 jours de pillage et destruction de la cité de Konni par la colonne infernale de Voulet et Chanoine, le 2 mai 1899 », nous a confié le cinéaste.
De Sansané-Haoussa à Tibiri en passant par Djoundjou, Koren Kalgo et Maijirgui, la France a fait déferler une violence innommable sur l’espace nigérien et posé des actes inhumains et dégradants.
C’est justement cette expédition de conquête coloniale qui fut déstabilisée, malmenée et défiée par la reine des Azna, Saraounia Mangou dans son sanctuaire imprenable de Lougou.
Ainsi donc, à l’instar de la barbarie commise par la France à Thiaroye au Sénégal, le 1er décembre 1944, nuit au cours de laquelle plusieurs dizaines de soldats africains péjorativement appelés ‘’Tirailleurs sénégalais’’, qui avaient pourtant combattu dans l’armée française, ont été froidement abattus pour avoir exigé leurs droits, dont la trame a servi de base à Sembène Ousmane pour réaliser un film intitulé « le massacre de Thiaroye » ; il est temps que les cinéastes, réalisateurs, documentaristes nigériens s’intéressent à ces drames oubliés perpétrés contre les populations nigériennes par la France.
Au demeurant, réaliser des documentaires audiovisuels ou des films sur les exactions et massacres commis par la France dans l’espace nigérien ne sera que justice rendue à tous ceux qui sont tombés sous les coups de canon des missions de conquête coloniale, et constituera un patrimoine historique et des documents précieux pour l’historiographie de la colonisation dans l’espace nigérien.
Alou Moustapha (ONEP)