
Lors de l’entretien sur le plateau de la RTN
La question de l’éducation est une priorité pour notre pays, elle a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs réformes ; comment analyser les résultats de ces multiples réformes et innovations pédagogiques et proposer un système éducatif mieux adapté aux réalités nationales ?
Permettez-moi, avant de répondre à cette question, de rendre grâce à Dieu pour l’opportunité qu’il me donne de servir mon pays. Je dois remercier aussi le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, pour la confiance qu’il a placée en ma modeste personne pour gérer un secteur très important, très stratégique pour le développement de notre pays, pour l’avenir de notre nation. Je voudrais aussi profiter pour remercier le Premier ministre, tous les membres du CNSP pour l’accompagnement, pour les conseils. Je voudrais remercier également mes collègues du gouvernement pour la solidarité gouvernementale. J’aimerais aussi saisir cette occasion pour remercier tous les acteurs de l’école, les syndicats, les parents d’élèves, les partenaires techniques et financiers.
Comme vous le voyez, je suis là avec mes petites notes, mes petites fiches rédigées par mes collaborateurs. C’est le fruit des efforts qu’ils ont fournis durant tous ces mois pour m’accompagner dans cette mission qui m’a été confiée. J’aimerais leur rendre un hommage mérité. Permettez-moi également de rendre un hommage ému à tous ces enseignants qui sont tombés, craie à la main. Merci également à nos Forces de Défense et de Sécurité qui font tout au quotidien, qui fournissent inlassablement des efforts pour sécuriser nos écoles, transporter nos épreuves, accompagner l’école dans cette période assez critique de notre nation, mais que nous essayons de traverser avec beaucoup de courage et de dignité. Je saisis également cette occasion pour remercier tous les auxiliaires du Ministère de l’Education et tous les cadres de conception. Au fait toute la nation pour l’accompagnement, les prières, les encouragements, mais aussi les remarques constructives qui nous permettent d’avancer.
Maintenant, par rapport à la question qui m’a été posée, lorsque nous avons reçu la lettre de mission, nous avons organisé une retraite de travail qui a regroupé pratiquement tous les hauts cadres du Ministère, les hauts cadres de conception. Et cette retraite devrait nous permettre d’analyser le contenu de la lettre de mission, examiner sa portée, et cela nous a permis de mettre en place non seulement une feuille de route, un ensemble d’activités, mais aussi des comités ad hoc chargés de réfléchir sur les différents axes de la lettre de mission. Il y’a un comité justement qui a été mis en place pour répertorier toutes les réformes et toutes les innovations observées dans ce pays depuis un certain temps. Ce comité a fait un travail remarquable qui nous a permis d’examiner ces réformes, mais aussi d’entreprendre des actions allant dans le sens de la modification, si vous voulez, d’une vingtaine de réformes. Le résultat des travaux de ce comité doit s’inscrire dans une lecture qui peut nous permettre d’avoir le sursaut patriotique qu’il nous faut pour redresser toutes les limites des réformes qu’ils ont eu à énumérer. Parce que, c’est important de le souligner, le dysfonctionnement de l’école nigérienne n’a pas commencé hier ou avant-hier, c’est beaucoup plus profond. Ça remonte à la fin des années 1980 déjà, et donc, c’est important pour nous d’avoir une lecture qui dépasse l’instant présent, qui prend le bilan des travaux de ce comité dans toute sa complexité avec beaucoup de responsabilité. Ce qui peut nous permettre d’examiner les pesanteurs identifiées et d’avoir une réaction collective qui nous permettrait de prendre des décisions à même de relever les défis initiés.
Comme je l’ai dit, il y a eu une vingtaine de réformes et innovations. Parmi ces réformes, j’aimerais citer quelques-unes. On va commencer par la réforme qui a été tant attendue par la population, et cela depuis des années, c’est la réforme du Certificat de Fin d’Etude du Premier Cycle (CFEPD). Lorsque j’ai rencontré les parents d’élèves, la première préoccupation qu’ils m’ont exposée lors de notre prise de contact, c’était le retour du CFEPD, un examen qui a été suspendu en 2013 et remplacé par des évaluations trimestrielles, le passage automatique. Nous avons voulu jeter un regard sur les réformes, et ce que nous avons découvert était des chiffres suffisamment interpellants. Pour ne pas nous laisser indifférents, surtout à la lumière de la mission qui m’a été confiée, nous avons pu découvrir que déjà cette réforme, en 2017, a fait l’objet d’une étude. Et l’étude a démontré que les acteurs de l’école n’étaient pas favorables à la réforme. Que 70 à 90 % des acteurs de l’école l’ont trouvée pas assez suffisante. Et 80% des encadreurs pédagogiques pensaient que les résultats des évaluations qui permettaient de passer les élèves de la classe de CM2 à la classe de 6ème, leurs résultats ne sont pas le reflet du niveau réel des enfants.
Une étude interne qui a été menée en 2018 par la Direction de la Formation Initiale et Continue a révélé également les limites de cette réforme. Elle a pu montrer que 83% des enfants qui viennent en classe de 6ème viennent avec un besoin important de remédiation, près de 70% des enfants ont du mal à lire un texte simple. Alors, cela a démontré la nécessité de revoir les choses, et surtout que les effets négatifs à observer ont eu tendance à s’accroitre : de 21% à peu près du taux d’exclusion en 2022, on est passé à près de 43%, c’était alarmant. Suffisamment alarmant pour nous pousser à mettre en place un comité de réflexion. Un comité suffisamment inclusif composé d’experts, des acteurs de la communauté éducative, tous les acteurs qui sont à même de donner un avis serein, responsable et conséquent sur cette question, tant elle implique la qualité de notre système éducatif, mais aussi l’avenir de notre nation. Parce que, comme vous le savez, le primaire, c’est la base, c’est le fondement. Lorsque, dans une construction, on rate la fondation, c’est que l’édifice aura toutes les malchances d’être vulnérable. C’est pour ça que nous avons réuni ce parterre d’acteurs au sein d’un comité pour réfléchir sur la pertinence et l’opportunité de ramener le CFEPD. Les résultats des travaux de ce comité ont été favorables à la restauration du CFEPD. Alors, notons déjà que la réforme de 2013 avait une lacune juridique dans la mesure où c’était un arrêté qui a été pris pour abroger un décret, le décret de 77.
Et malgré toute cette anomalie, on a appliqué cette réforme ?
Tout à fait. Et les acteurs n’étaient pas favorables.
Et où étaient en ce moment tous les responsables de l’éducation qui ont vu cette affaire ? Ils n’ont pas réagi ? Ils ont regardé faire, pour arriver à ce résultat que vous évoquez tout au long de votre exposé ?
Les études menées déjà à l’époque, en 2017 et 2018, ont montré aussi la volonté de ces acteurs de l’école d’améliorer les choses, et cela mérite d’être salué parce que nous nous sommes appuyés sur les résultats de ces études pour mettre en place les comités. Et, leurs réflexions ont d’une certaine manière enrichi les échanges au sein du comité. Alors, lorsque nous avons eu les résultats des travaux de ce comité qui s’était prononcé sans ambigüité en faveur de la restauration du CFEPD, nous avons fait un plaidoyer auprès des plus hautes autorités. Alors, il faut comprendre que la réforme était attendue par les populations, mais elle allait susciter des coûts financiers dans un contexte d’austérité. Nous avons approché les plus hautes autorités et nous avons bénéficié d’une certaine écoute. Et le Chef de l’Etat avait pris l’engagement de tout mettre en œuvre pour que notre système éducatif retrouve ses lettres de noblesse. Parce qu’une bonne partie des raisons attribuées à la baisse de niveau, à la détérioration de la qualité de notre système éducatif, était attribuée à la suspension aussi du CFEPD. Alors, il a mobilisé près de trois milliards de francs CFA pour organiser cet examen en un temps record. Je pense que l’opinion doit mesurer la détermination de ces autorités et leur engagement à concrétiser, à donner forme aux discours, à leur vision et au discours qu’ils ont toujours tenu, celui d’affirmer et de réaffirmer que l’éducation de nos enfants fait partie des priorités de ce contexte de refondation.
Donc, nous avons organisé le CFEPD. Et, vous savez, à une certaine époque de ce pays, à partir du mois de Mai-juin déjà, les classes commençaient d’une certaine manière à se fermer. Mais, lorsque les enseignants qui étaient aussi favorables à la restauration du CFEPD ont eu la confirmation que l’examen serait organisé, des enseignants et des enseignantes se sont mobilisés à travers tout le pays pour organiser des cours de rattrapage aux enfants pour leur permettre de passer l’examen avec niveau. Nous avons eu un taux de 40%, ce n’est pas mal au regard de l’état dans lequel se trouvait notre école. Cela a redonné aux enseignants, aux élèves et aux parents d’élèves, l’envie de croire que nous pouvons restaurer l’école publique des années 80 qui était une école publique qui donnait la chance à tous les enfants de ce pays. Alors, concrètement, on a vu un regain de dynamisme au sein de nos écoles, mais aussi ceux qui organisaient des tests d’entrée pour les élèves de CM2 passant pour la classe de 6ème. Certains responsables m’ont expliqué qu’ils ont vu une nette différence de niveau et donc cette réforme fait partie des reformes qui ont beaucoup attiré notre attention, qui ont suscité la mobilisation des ressources conséquentes et qui continuent de donner leur fruit parce que nous n’avons pas voulu nous arrêter juste à l’organisation du CFEPD. Nous avons mis en place un certain nombre de mécanismes qui nous permettront de surveiller de très près l’évolution de ces élèves. Et comme vous le savez, face aux défis du manque d’infrastructures, assez souvent, on a tendance à laisser les élèves de 6ème à la rentrée jusqu’à la confection des classes en paillotes dans certains établissements. Des instructions ont été données pour que les élèves de 6ème soient une priorité, donnons-leur des classes dès la rentrée, mettons à leur disposition des enseignants, tout ceci dans l’espoir de pouvoir rehausser le niveau, les suivre de très près, maximiser les avantages de la restauration de cet examen. En plus de cela, nous avons remarqué l’extension progressive des filières scientifiques. Vous savez, un pays ne peut pas se développer sans ces filières de pointe qui nous permettront d’enrichir le projet d’industrialisation de notre pays, de soutenir les efforts et les ambitions du développement. Alors, nous avons voulu aussi tirer le meilleur profil de cet examen pour organiser un concours. Non seulement les élèves issus du CFEPD iront dans des classes de 6ème où ils seront bien surveillés, bien pris en charge pour redonner à l’école son dynamisme et sa qualité, mais aussi une partie des meilleurs élèves sera orientée vers le collège scientifique. Nous avons organisé un concours pour tous les enfants issus du CFEPD qui avaient une moyenne supérieure ou égale à 9/10 et ce sont ces enfants, 150 à peu près, qui sont dans le collège scientifique en ce moment.
Madame la ministre, l’autre préoccupation est relative au curricula. Comment engager une réforme du curricula pour prendre en compte la demande sociale en éducation, notamment avec ces questions de patriotisme, de civisme, de la discipline, de la créativité et de résilience ? Et, je précise que, depuis quelques temps, on vous voit dans les différents établissements pour la montée des couleurs.
Tout à fait !
Et ça fait plaisir de voir ça.
Merci beaucoup ! Le contexte dans lequel se trouve notre pays nous impose la nécessité de regarder, de très près, ce que nous enseignons à nos enfants. Au fait, quel type d’école voudrions-nous pour ce pays ? Et pour quel type de développement, surtout dans cette phase de la quête irrésistible de notre souveraineté ? Et c’est dans cette perspective que l’un des comités ad hoc mis en place lors de l’examen de la lettre de mission a également commencé à examiner nos programmes, leur portée, leur contenu, leur apport pour le développement de notre pays. Dans ce processus, nous avons senti la nécessité de retirer un certain nombre d’éléments, de contenus qui ne cadrent pas avec nos réalités et nos aspirations. Ces contenus ont été retirés en attendant les travaux du comité interministériel qui a été mis en place par le Premier ministre pour prendre en charge cette question du curricula. C’est dire que le curricula ne sera pas seulement discuté, élaboré au sein du seul Ministère, mais la question sera portée à un échelon beaucoup plus vaste et supérieur afin de prendre en compte cette question et tout l’enjeu qu’elle représente pour notre pays et pour son avenir.
Mais, en attendant le début des travaux de ce comité, un certain nombre d’actions ont été prises. C’est le cas de la réforme de l’examen, de la réforme du bilinguisme, de la réforme du curricula. Le bilinguisme a été adopté et, dans ce contexte de la quête de notre souveraineté de la promotion de nos cultures, cette réforme qui met en avant nos langues nationales nous interpelle également. Nous avons mis en place une commission chargée d’examiner le bilan de cette réforme. Elle a commencé, à un certain moment, il y’avait jusqu’à 5000 classes impliquées dans cette réforme à travers laquelle les enfants commencent le processus d’apprentissage par les langues maternelles. Donc, la langue maternelle est la langue medium, la langue d’enseignement jusqu’en classe de CE1. Après, la langue maternelle devient une langue co-medium avec le français. C’est important pour nous de voir, parce que nous ne pouvons pas soutenir nos aspirations de la souveraineté, promouvoir nos valeurs en laissant de côté la place des langues nationales dans le système éducatif. L’étude qui a été menée a permis de voir que cette réforme qui a mobilisé beaucoup de ressources financières, beaucoup de personnes, est dans un état mitigé dans la mesure où, sur plus de 5000 classes à un certain moment identifiées et répertoriées, nous n’avons que 900 classes et cette question fera partie certainement des questions qui seront examinées au sein du comité interministériel, liée également à la question de la réforme des écoles normales et leurs programmes. Nous ne pouvons pas penser à la refondation de l’école sans penser aux lieux de formation de ces enseignants. Et donc, nous avons aussi examiné la réforme, révisé un certain nombre de modules dans les écoles normales pour permettre une certaine uniformisation des programmes dispensés dans les écoles normales, garantir leur efficacité, surtout dans un état d’esprit qui cadre avec le contexte actuel de la quête de notre souveraineté. En fait, si nous voulons des citoyens patriotes, intègres, il va aussi falloir commencer par le système éducatif qui se charge de la diffusion de certaines valeurs, des valeurs de respect, du travail, la quête d’excellence, la quête d’intégrité. Cela doit commencer dans nos écoles et ces thématiques doivent être appréhendées par nos enseignants. C’est pour ça qu’à chaque fois que nous partons en mission sur le terrain, nous tenons à rencontrer les encadreurs des écoles normales, parce que ce sont des acteurs incontournables. Je l’avais dit tout à l’heure, pour améliorer le système éducatif, on doit passer par la base, par le primaire. Nous mettons l’accent dans les échanges que nous avons avec ces encadreurs sur la nécessité de promouvoir un enseignant de la refondation. D’une certaine manière, vu selon les principes et les valeurs de la refondation, un enseignant qui soit généreux dans le processus de transmission du savoir, un enseignant qui soit suffisamment conscient de la nécessité de s’approprier une certaine forme d’humilité pour continuer à apprendre, pour écouter, pour se remettre en cause, pour accepter les avis des uns et des autres ; si important de le faire, dans la mesure où c’est des écoles normales que sortent à la fois les enseignants, les encadreurs et les inspecteurs et c’est important de créer une dynamique qui favorise les échanges, l’interdépendance, le respect des uns et des autres et une certaine accalmie, des rapports apaisés et fructueux entre les différents acteurs qui sortent de nos écoles normales. C’est un état d’esprit qui reflète les valeurs de la souveraineté que nous ne pouvons pas atteindre sans le concours important du savoir, du savoir-faire et du savoir-être.
On sait qu’une demande sociale reste aussi, c’est l’enseignement de l’islam dans nos écoles ; comment insérer aujourd’hui dans le programme de l’enseignement, des fondements des religions afin de prévenir l’endoctrinement et l’extrémisme violant dont notre jeunesse est victime ?
Avant de répondre à cette question, permettez-moi de rappeler effectivement, que pour promouvoir le patriotisme, dans nos écoles, nous avons initié cette émission, cette initiative en lien avec la Direction Régionale de l’Education Nationale dans laquelle, chaque semaine, tous les cadres du Ministère commencent leur journée dans une école de la capitale pour réaffirmer le retour de l’Etat au sein de nos établissements, permettre cet échange entre le sommet et le terrain parce qu’on apprend toujours des choses dans le contact et les échanges. Dans ce moment, nous essayons de donner aux élèves déjà une idée, une vision de leur rôle, des attentes de notre nation sur nos jeunes. Ce n’est pas courant de dire à un enfant qu’on l’aime. On l’aime mais, on l’exprime d’une certaine manière. En tout cas, les autorités ont, d’une certaine manière, un certain défi à un certain moment d’aller vers ces acteurs. Ce n’est pas la peine pour un ministre de se déplacer dans un établissement, dit-on, à partir du moment où le directeur est là, l’inspecteur, les directeurs régionaux. Mais, il faut créer ce lien, que l’écolier sache que la plus haute autorité de ce pays, à savoir le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, pense aux élèves et qu’il compte également sur eux pour s’approprier les idéaux de la refondation, parce qu’ils seront les acteurs de demain.
Il est important aussi de dire aux enseignants toute la reconnaissance des plus hautes autorités de la République, de la nation pour les efforts qu’ils ne cessent de fournir et les inciter à avoir des rapports cordiaux qui favorisent l’encadrement. Nous avons également, dans le souci d’adapter le système, en attendant la mise en place de ce comité et les échanges, nous avons, dans la lettre de cadrage, inséré la nécessité de réhabiliter certaines disciplines qui étaient soit mises de côté, ou pas assez suffisamment prises en compte. C’est le cas des activités pratiques et productives (APP), c’est le cas de l’Instruction Civique et Morale (ICM).
Il n’y a plus d’APP maintenant dans les écoles ?
Si ! il y’en a de plus en plus et, à chaque fois, si vous remarquez, quand je pars dans les écoles avec l’accompagnement précieux de vos équipes techniques, nous tenons à voir les jardins scolaires, ce qu’ils font et c’est important de voir combien les enfants s’investissent à ces activités. Il y’a des activités pratiques et productives, mais il y a aussi l’éducation civique et morale qui a été ramenée au niveau du collège. Un moment, on l’avait suspendue, mais nous l’avons ramenée et étendue aux centres de formation d’enseignement professionnel compte tenu de la fusion du Ministère.
L’enseignement de la morale, c’était aussi resté au niveau primaire ?
Tout à fait. Alors, pour la question des fondements religieux dans le système éducatif pour prévenir la montée de l’extrémisme violant, cette question sera également prise en charge par le comité interministériel avec toute sa délicatesse, comme vous le savez, le Niger est un pays majoritairement musulman, mais qui a aussi une minorité d’autres confessions et je pense qu’avec l’expertise des membres du comité qui a été mis en place, cette question sera prise en charge avec toute sa délicatesse pour que l’école continue à être le lieu de rassemblement et de renforcement de notre cohésion sociale. A chaque fois, quand je vais dans les écoles franco-arabes qui ont la possibilité d’apprendre des études islamiques, je leur fais comprendre l’importance de leur rôle dans notre société, l’importance de bien connaitre ces enseignements sacrés et de les mettre au profit du renforcement de la cohésion sociale dans notre pays parce que, effectivement, beaucoup de personnes prétendent agir au nom des religions sans connaitre les fondements des religions qui sont basés sur la paix, sur la coexistence pacifique, la tolérance et c’est important. Mais, quels que soient les résultats des travaux du comité interministériel en lien avec cet axe de ma lettre de mission, c’est important de mener en amont un travail de sensibilisation. C’est très important de se poser la question de notre rapport réel à la religion. Dans les années 1970 et 1980, la religion était cantonnée dans la sphère privée, il n’y avait pas des allusions à la religion dans le discours politique, dans les rencontres publiques et, d’une certaine manière, il y avait un certain respect des normes, une certaine orthodoxie dans la gestion des affaires publiques et c’est pour cela que, même si nous introduisons des contenus religieux dans le système éducatif, c’est important de veiller à ce que ces contenus puissent jouer véritablement leur rôle. La religion, c’est important de le dire, n’est pas juste un assemblage d’affichages, ce ne sont pas des artifices, mais ce sont des comportements au quotidien qui révèlent notre foi. C’est lorsque, par exemple, il y a des pratiques qui jurent avec la morale, qui jurent avec l’orthodoxie administrative que l’on puisse se dire : ma religion ne me permet pas de faire cela. C’est extrêmement important, c’est aussi important peut être de retenir que les terroristes, qui imposent des pratiques qui jurent avec la morale et même notre qualité d’être humain, n’ont pas commencé du jour au lendemain à ôter des vies, ils ont commencé à travers des actions, c’est la stigmatisation de celui qui est différent. De la stigmatisation, on passe au rejet, puis à l’intolérance, à la haine aveuglante et destructrice. Et c’est important dans le processus de socialisation de nos enfants parce qu’au fait, l’enfant est déjà pris en charge dans le cercle familial, c’est important de revisiter tous ces concepts sacrés de nos religions, de notre religion et qui sont favorables à la cohésion sociale, à la promotion d’une culture de la paix. Lorsqu’à la maison, on habitue un enfant à respecter l’autre dans ses différences, quand il vient à l’école, non seulement il est plus disposé à écouter ses enseignants et formateurs, mais à avoir de bons rapports avec les élèves et, aussi, il a toutes les chances d’être un fonctionnaire dévoué pour la Nation, un fonctionnaire intègre et travailleur.
Script : ONEP