
Une décharge de déchets mènagers
Du fait de l’urbanisation, de l’explosion démographique et de certaines habitudes alimentaires, la masse de déchets augmente chaque année. Ces derniers s’accumulent chaque jour en petites montagnes, encombrant les voies dans la ville de Niamey. Sacs plastiques, sachets d’eau usagés etc… font partie du paysage et sont devenus un fléau environnemental. Aujourd’hui, c’est plusieurs tonnes de déchets par an qu’il s’agit de gérer à Niamey et les enjeux sont colossaux. En ce sens, le recyclage et la valorisation des matières jouent un rôle essentiel comme moyen de lutte contre les impacts environnementaux liés à la production et à l’élimination des déchets, et pour la gestion durable des ressources naturelles. La valorisation des déchets est devenue un enjeu crucial dans les domaines environnemental et économique. Cette dernière est non seulement utile, mais aussi indispensable afin de réduire les impacts engendrés par cette prolifération de déchets.
‘‘Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme’’, formula le grand chimiste français Antoine Laurent Lavoisier. Aussi, toute l’activité humaine consiste à créer des richesses en partant d’un produit pour en fabriquer un autre, en transformant les choses pour en créer de nouvelles. Le déchet peut être ce produit qu’il faut savoir utiliser et transformer pour en faire un matériau utile, une véritable ‘’matière première secondaire’’. Les déchets constituent un produit qu’il faut utiliser au mieux de nos possibilités du moment. A Niamey, il existe de nombreux acteurs publics et privés impliqués dans le traitement des déchets comme la direction du cadre de vie et de la gestion des déchets du Ministère de l’Environnement où plusieurs initiatives sont entreprises pour le recyclage et la valorisation des déchets.
Au niveau de la direction du cadre et de la gestion des déchets, pour une meilleure gestion des déchets, les déchets ménagers sont valorisés pour restaurer les terres dégradées dans la ville de Niamey. Selon le directeur, le Colonel Coulibaly Adamou, les enjeux de cette méthode sont multiples et divers pour un pays comme le Niger.
En effet, tirée des observations des pratiques endogènes en milieu haoussa, il s’agit tout simplement d’une pratique écologique qui consiste à utiliser les déchets ménagers pour fertiliser les sols des champs. Cela permet de débarrasser la ville de déchets organiques pour fertiliser les sols des champs et restaurer aussi les terres dégradées. En plus, le directeur du cadre de vie et de la gestion des déchets a ajouté que sur le plan environnemental, cette méthode va permettre de réduire la pollution, le retour de la microfaune dans la zone, l’économie de terrain (réduction des sites d’enfouissement), reverdissement du paysage… « Au plan économique, cette pratique a des impacts positifs comme la réduction de l’investissement dans le secteur pour les municipalités, la réduction des dépenses en santé, la création de nouvelles filières dans la gestion des déchets », a expliqué Colonel Coulibaly Adamou.
Outre la valorisation pour restaurer les terres dégradées, le directeur du cadre de vie et de la gestion des déchets a fait savoir que les essais dans leur laboratoire destiné à la valorisation des déchets (laboratoire 5R Arziki) ont démontré qu’il est bien possible de produire du compost de bonne qualité à partir des déchets organiques des ménages en moins de 6 mois. « Sachant que les déchets de la ville de Niamey contiennent une proportion importante de matière organique, le potentiel de compostage existe », a-t-il déclaré. D’après le directeur, il limite le volume des déchets et offre à la terre un engrais écologique.
Le compost améliore et fertilise les sols, et est utilisé comme engrais pour la culture des légumes et d’autres plantes. Cela, note-t-on n’est pas coûteux et ne nécessite pas de connaissances techniques particulières.
Les déchets plastiques ne servent qu’à fertiliser et restaurer les sols dégradés. Le spécialiste en questions environnementales nous confie qu’il est également initié dans certaines écoles, ce qu’on appelle : l’éducation environnementale qui consiste à faire comprendre aux enfants que les déchets ont une valeur, qu’il est possible de transformer les pneus en banc écologique, en poubelle, le reste de tissu en chemise en robe ….
Utiliser un déchet, c’est préserver les matières naturelles. Valoriser ces déchets, c’est une façon de s’engager sur l’avenir ; c’est un geste éco-citoyen qui s’inscrit dans une perspective du développement durable. C’est parfois ce qui manque le plus en politique. Pourtant, la valorisation des déchets est un enjeu majeur pour booster l’économie et réduire ainsi les impacts engendrés par la prolifération des déchets dans la ville.
Rahila Tagou (ONEP)