L’épistaxis ou saignement du nez est une hémorragie qui survient dans les fosses nasales, lorsque les vaisseaux situés dans la muqueuse nasale se rompent et sont recouverts par une muqueuse. Tout acte susceptible de léser cette muqueuse va faire saigner le nez. Généralement, il s’agit de saignement qui est bénin et qui se résout. Souvent, il se résout spontanément, même sans traitement. Dans environ 10 % des cas, il se passe mal (épistaxis antérieures). Le saignement peut refuser de s’arrêter ; il va couler de façon abondante et va forcément nécessiter une prise en charge médicale. Cela n’arrive que dans 20 % des cas. Il peut y avoir des épistaxis postérieures dont l’écoulement, au lieu de se passer au niveau du nez, va se faire dans le sens contraire, c’est-à-dire que le sang va couler à travers la gorge pour parfois rejoindre la voie digestive.
Les épistaxis sont généralement graves parce que le sujet ne s’en rend pas compte. Elles peuvent être abondantes. Elles viennent de l’arrière des fosses nasales qu’on appelle « les épistaxis postérieures ». En général, les épistaxis antérieures sont moins graves que les épistaxis postérieures.
Les enfants de 2 à 10 ans et les adultes de 50 à 80 ans, constituent les tranches d’âges vulnérables qui saignent le plus parce que c’est eux qui ont une muqueuse fragile. La première cause de saignement du nez, c’est ‘’le traumatisme’’ de la face qui touche le nez. Il y a les accidents de la voie publique, les bagarres, les coups de poing portés au niveau du nez. Et, comme il y a beaucoup de vaisseaux, ce traumatisme va engendrer la rupture de ces vaisseaux et rapidement le sang coule par le nez. « Il y a aussi chez les enfants le traumatisme par grattage. Les enfants ont tendance à mettre le doigt dans le nez. Ils pensent pouvoir se soulager en mettant le doigt. Les ongles peuvent ainsi blesser cette tache vasculaire et le saignement survient. Ce sont les traumatismes de la voie publique (accident), les traumatismes par coup et blessure et les traumatismes par grattage ou les traumatismes iatrogènes, c’est-à-dire provoqués par un geste chirurgical. Par exemple, le fait d’extirper une tumeur peut faire saigner puisque les instruments utilisés habituellement sont en métal. Du coup, une légère blessure de la muqueuse va faire saigner », a précisé Dr Dan Sono Amadou, spécialiste en ORL.
Parmi les causes d’épistaxis, il y’a ‘’la sécheresse nasale’’ qui provoque des craquelures au niveau de la muqueuse. Dès que la muqueuse est craquelée, les vaisseaux craquèlent aussi à leur tour et on peut voir des spots de sang couler en goutte à goutte. « Ce genre de causes interviennent surtout dans cette période froide où l’air est sec. C’est la première urgence dans les services d’ORL. Cette saison, on va en avoir beaucoup à cause de la sècheresse de l’air. Chez certains, le nez va sécher et va naturellement se mettre à saigner. Mais, ce n’est pas nécessairement grave, ça s’arrête spontanément », explique-t-il.
A part le traumatisme et la sécheresse nasale, il y a également ‘’les infections nasales’’. Ainsi, les rhumes, les rhinites chroniques ou les sinusites peuvent être à l’origine de saignement par lésion de la muqueuse en raison de l’infection dans les fosses nasales ou dans les sinus. « Une fois qu’on fait une rhinite, si elle est infectée ça veut dire que c’est un élément qui va irriter la muqueuse de la fosse nasale et va provoquer le saignement. Les infections, les rhinites et les rhino-sinusites vont être pourvoyeurs d’épistaxis en raison de leurs caractères irritatifs. Il y a d’autres maladies hématologiques. Par exemple, ceux qui synthétisent mal la vitamine K, puisqu’elle intervient dans la coagulation sanguine. C’est elle qui permet, lorsque nous saignons, que le sang s’arrête. Lorsque nous avons des problèmes de foie, si cette vitamine n’est pas correctement synthétisée, cela peut nous amener à saigner. Il y a aussi des tumeurs qui peuvent se localiser au niveau des sinus et certaines maladies hématologiques et l’hypertension artérielle », explique le spécialiste.
En termes de conséquences, le praticien a relevé que c’est surtout dans les épistaxis graves, qui sont abondantes dans 10 % des cas. Ils peuvent engager directement les pronostics vitaux. Quand quelqu’un saigne abondement, et que rien n’est entrepris rapidement pour arrêter l’écoulement du sang, la conséquence c’est que le sujet va se vider de son sang. Ce qu’il y a lieu de faire, c’est d’aller rapidement dans un centre de santé pour essayer de contenir l’hémorragie. Mais dans la plupart des cas, les épistaxis bénignes, c’est-à-dire qui ne sont pas graves, se résolvent sans traitement.
Il y a des épistaxis graves qui font perdre aux sujets beaucoup de sang. Ce qu’on appelle des ‘’épistaxis abondantes’’. « Si ça se produit à la maison avant d’aller à l’hôpital, on peut entre-temps essayer des petites manœuvres. Et cela en pinçant le nez entre deux doigts, et dans la majorité des cas, en quelques minutes, ça résout le problème. Mais, ça peut ne pas aussi résoudre le problème. Dans ce cas, on peut trouver des moyens pour boucher le nez à travers le coton ou avec une bande de tissu, ça permet de limiter le flux du sang avant d’atteindre un centre médical pour que le sujet puisse être pris en charge rapidement », indique-t-il.
Si le vaisseau est gros, il va falloir le repérer et le ligaturer ou faire une embolisation qui consiste à injecter un produit dans le vaisseau qui va le boucher. Dans 10 % des cas des épistaxis, cela peut être grave et engager la vie du sujet si rien n’est fait rapidement, note le praticien. « Quelqu’un qui saigne, qui commence à avoir de la sueur, qui est pâle, agité, anxieux, est en train de rentrer dans une situation qu’on appelle le choc hémorragique et qui peut tuer rapidement. Ce sont des sujets à ne pas attendre », ajoute-t-il.
Selon Dr Dan Sono Amadou, il n’y a pas une étude qui a été faite en termes de prévalence. Cependant, au niveau mondial, la littérature a prouvé qu’environ 60 % de la population a une fois fait une épistaxis. Aussi, ajoute-t-il, scientifiquement rien ne permet de dire qu’elle peut être génétique. « Aucune étude n’a été faite que je connaisse qui dise qu’il y a des familles où l’épistaxis est fréquente à cause de telle gène. Mais, il peut y avoir une prédisposition génétique, c’est-à-dire qu’il y a des familles qui ont des affections génétiques au niveau du nez. Les rhinites allergiques par exemple », souligne le spécialiste en ORL.
Dr Dan Sono Amadou a enfin affirmé que dans 80 % des cas, l’épistaxis n’est pas forcément très grave. « Lorsqu’elle survient au niveau de la fosse nasale et n’est pas abondante, il n’y a pas de quoi se stresser. Mais, au cas contraire, si l’épistaxis repart, ce n’est pas bon. Il faut amener le sujet à l’hôpital. Toute épistaxis qui se répète est grave, on n’attend pas. On amène le sujet dans un centre médical approprié », a conclu le spécialiste.
Farida. A. Ibrahim (ONEP)