Dans le département de Tibiri, région de Dosso, le marché hebdomadaire d’Aholé est un des grands rendez-vous d’échanges commerciaux de la zone. Les commerçants de toute la région et du Nigeria voisin s’y rendent tous les lundis pour vendre ou acheter des articles, des produits comestibles pour leur propre usage ou destinés au ravitaillement des boutiques des villages.
Il est 14h de l’après-midi ce lundi 21 octobre 2024, sous un ciel dégagé et un soleil ardent. Le marché hebdomadaire du village d’Aholé, dans la commune urbaine de Tibiri, département de Tibiri bat son plein. Les habitants des villages environnants affluent vers le marché à pied ou sur des charrettes à traction bovine. D’autres arrivent à moto ou accrochés aux taxis de brousse transportant leurs marchandises. Ce marché, situé à environ trois kilomètres du chef-lieu de la commune, est fréquenté non seulement par les populations nigériennes venant de Dosso, de Niamey, Doutchi, mais aussi par les commerçants et les populations des villages et villes du Nigeria voisin. Dans ce marché, le franc CFA comme le naira nigérian sont utilisés pour les transactions. Les commerçants acceptent les deux devises. Une opportunité saisie par des commerçants pour faire le business du change de monnaies. Dans ce marché hebdomadaire qui s’anime chaque lundi, l’ambiance est au rendez-vous, bien que l’on soit en période de récolte qui annonce la fin de la campagne agricole. Installés non loin du marché, à bétail, les revendeurs de la canne à sucre attirent les clients. Le produit est hautement apprécié. Très prisée, la canne à sucre est, cette année, devenue un produit rare et cher, mais cela n’empêche pas les gens de venir l’acheter en quantité. Cette rareté s’explique, selon Yahaya, un revendeur de canne à sucre, par les inondations qui ont endommagé les cultures. Car, dit-il, les champs du village de Fadama, principal lieu de production de la canne à sucre, sont inondés. Ce qui a impacté la culture de ce produit. D’après lui, la canne à sucre qui se trouve actuellement sur le marché provient de Tombo (Nigeria) et les commerçants l’achètent à un prix plus cher. La botte de dix tiges coûte trois mille (3000) francs.
Tout près, des commerçants grossistes ont étalé à même le sol des centaines de pastèques importées du Nigeria et recouvertes de paille pour les protéger des rayons du soleil. Selon Farouk, un commerçant nigérian originaire de Kebbi, la pastèque est achetée directement dans les champs auprès des cultivateurs, puis transportée à dos de chameau jusqu’à la grande voie, ensuite le tout est acheminé par des petits véhicules, durant quatre jours jusqu’ici. Pour Farouk, le jeu n’en vaut pas la chandelle, car il se plaint de rouler à perte. Le commerçant est convaincu qu’au prix où sa marchandise est rachetée par les détaillants, il ne pourra que se retrouver avec le tiers de ce qu’il a investi.
« Actuellement, nous vendons l’unité au prix de deux cent cinquante francs (250), trois cents (300) ou trois cent cinquante (350) francs CFA, car les gens n’ont pas d’argent. Mais dans la matinée, nous avons pu vendre l’unité à cinq cents francs (500) francs. On fait ce commerce juste pour ne pas rester oisif », se lamente-t-il.
L’hivernage de cette année 2024 a été particulier avec des pluies diluviennes qui ont par endroits engendré des inondations. Mais les habitants ont su profiter de cette situation pour substituer à la culture de la canne à sucre celle du riz. Selon Moussa Issa, c’est une bénédiction, car ils se sont tous mis à la culture du riz. « C’est vraiment une bonne chose. Il y a de l’espoir cette année. La perte qu’on a subie s’est transformée en bénédiction et c’est une opportunité que nous allons exploiter », se réjouit-il.
Hamissou Yahaya (ONEP)