L’arbre du forgeron’’ de son nom scientifique Prosopis Africana, «Kiryia» en Haoussa, ‘’Zam touri’’ en Zarma, est une espèce végétale aux multiples vertus. Au Niger, l’espèce retrouve dans la bande Sud plus précisément à Korgom ; vers la frontière avec le Nigéria.
Comme le lui prêtent les tradi-praticiens, le prosopis africana présente de multiples vertus bénéfiques aux communautés. Des racines aux feuilles, en passant par le tronc, toutes les parties de cette espèce sont utilisées par les communautés locales. En effet, l’écorce astringente entre dans le traitement des maladies de la peau, des caries et des fièvres. Les racines sont utilisées pour traiter la gonorrhée, les maux de dents et d’estomac ainsi que la dysenterie.
Les feuilles ont également un pouvoir insectifuge avéré. Elles sont utilisées dans la lutte contre les charançons et autres insectes qui attaquent les produits agricoles. Ces mêmes feuilles, séchées, peuvent être utilisées pour la conservation des produits agricoles comme le maïs, le niébé, le haricot et le sorgho. Mais pas que cela ! Le prosopis africana a une valeur artisanale très importante. Il est utilisé pour la fabrication des outils agricoles, de mortiers et pilons. Dans la construction des habitats, les perches de ce bois peuvent servir de supports des greniers, pour la clôture dans les maisons parce qu’il est difficilement attaqué par les termites.
Au Niger, d’après M. Arzika encadreur en matière d’espèces végétales, c’est surtout, dans la région de Maradi notamment à Guidan Roumdji , que le prosopis africana est utilisé pour la fabrication des mortiers et la confection des hangars. Aussi, du fait de la qualité de son bois, il est très utilisé comme bois de chauffe et pour la production du charbon de bois. Selon toujours l’encadreur en matière d’espèces végétale, toujours dans la région de Maradi, les graines du prosopis africana sont utilisées par les femmes pour la fabrication du soumbala.
Le prosopis africana permet également de lutter contre l’érosion et n’est pas très exigeant en termes de sol. Au-delà, dans le mythe de la création sérère, c’est l’un des arbres sacrés qui a grandi non seulement en premier mais aussi dans le marais primordial sur terre. Malheureusement, cette espèce dont l’importance s’avère particulière connaît une dégradation accélérée liée aux différents prélèvements. En effet, en raison d’une surexploitation, cette espèce a disparu de la grande partie du Sud du Sahel. Au Niger, cette plante est en voie de disparition. Ainsi, l’avenir des ressources naturelles en général et celui de cet arbre en particulier devient une préoccupation permanente.
Rahila Tagou (ONEP)