Depuis plus d’une décennie, l’on assiste à une prolifération massive de nouveaux hommes d’affaires dits lotisseurs privés qui font des lotissements par ci et par- là dans la ville de Niamey et ses environs. Ces lotisseurs privés se ruent sur les propriétaires terriens en vue d’avoir leur quitus pour procéder au lotissement des champs, tout en associant les agents domaniaux des collectivités territoriales dont ils relèvent. En effet, chaque lotissement obéit à un certain nombre de principes qu’il faut respecter scrupuleusement. En morcelant le champ en parcelles vendables, on doit y prévoir des infrastructures sociales de base telles que les écoles, les centres de santé, les routes, etc. Cependant, dans la réalité, ces principes élémentaires sont foulés aux pieds par les lotisseurs privés. De ce fait, ils violent les lois et règlements qui régissent le domaine.
Dans certains lotissements de la périphérie de Niamey, il est facile de constater qu’il n’existe dans un rayon de plus de 10 kilomètres, ni infrastructures sociales de bases, ni espaces de recréation, encore moins pour d’autres usages publics. Avec l’explosion démographique, on assiste à une insouciance de la part de certains lotisseurs qui, de connivence avec quelques agents domaniaux, morcèlent et revendent des espaces publics issus d’un bon lotissement qui respecte la réglementation. Pourtant ces espaces morcelés et vendus devraient servir à l’avenir pour construire des écoles, des centres de santé, des casernes de sapeurs-pompiers, des commissariats de police, des centres de loisir, etc. Par ces actes de morcellement des espaces publics, beaucoup de quartiers se retrouvent aujourd’hui sans aucune école, ou centre de santé, etc.
Pour Elh Abdou Lokoko, président du Réseau des Organisations du Secteur Educatif du Niger (ROSEN), au 21ème siècle, il est inconcevable de voir dans une capitale comme Niamey, et par la fuite de responsabilité et le laxisme des agents domaniaux, que des enfants soient obligés de parcourir des Kilomètres pour avoir accès à une école. Aussi, les habitants de certains quartiers parcourent des kilomètres pour avoir accès à un centre de santé. En cas d’incendie, il est regrettable de constater que la caserne des sapeurs-pompiers la plus proche se situe souvent à plus de 10 km du lieu où il va falloir intervenir le plus urgemment possible.
C’est dans le souci de sauver le secteur éducatif nigérien, et de pallier les multiples maux qui gangrènent le secteur éducatif que le Réseau des Organisations du Secteur Educatif du Niger (ROSEN), à travers son président, élève la voix sur ces cas de morcellement d’espace dédiés à la construction d’école ou de centre de santé intégré. « Nous nous occupons, comme vous le comprenez bien de morcellement des terrains affectés à l’éducation (aux écoles). Sur ce sujet, nous sommes déjà sur un dossier ici à Niamey où plusieurs cas de morcellement nous ont été signalés par des parents d’élèves, des enseignants dans le quartier de Kalley-plateau. A l’examen de ce dossier, nous avons deux cas de figure : un espace destiné à la construction d’une école a été morcelé. Et pour le second, c’est toute la place même destinée à l’école qui est effacée de la cartographie du quartier, ne laissant que des espaces et habitations au profit d’un opérateur économique », a expliqué le président du ROSEN.
Selon Abdou Lokoko, l’école a besoin de beaucoup d’espace surtout pour faire le sport, construire de nouvelles classes, etc. « Il faut aussi se dire la vérité ! Ces opérateurs économiques-là, ont profité de leur position au sein des partis politiques pour pouvoir poser des actes illégaux. Nous sommes sur le dossier et inch’Allah, avec le temps, nous arriverons effectivement à trouver la vérité sur ces morcellements illégaux qui créent des situations inconfortables », a rassuré le président Abdou Lokoko.
Les deux ilots dont il s’agit, explique le président du ROSEN, sont des ilots où l’incriminé a construit des maisons d’habitation à titre privé qu’il met en location. Souvent, les élèves sont confrontés justement à ce manque d’espace et cela crée l’insécurité.
Le président du ROSEN explique que le comportement de certains agents des services domaniaux n’est pas de nature à faciliter la tâche. « Justement, le grand problème est que les services domaniaux ne collaborent pas », a-t-il ajouté. Certains acheteurs des terrains réservés aux infrastructures sociales de base disent détenir un titre foncier. « La question sempiternelle qu’on se pose est de savoir comment on peut avoir un titre foncier sur un terrain dédié à un espace public ? A l’évidence, nous pensons qu’il serait difficile d’y arriver si la personne n’a pas de complicité au sein des collectivités territoriales, seules habilitées à délivrer les actes de cession sur la base desquels l’acquisition du titre foncier est possible», a souligné le responsable du ROSEN.
C’est pourquoi, il estime que le rôle de leur réseau, est effectivement de lutter contre ce genre de pratiques qui sont néfastes, surtout en cette période de refondation de la République. « Nous fondons l’espoir que ces terrains seront récupérés par l’Etat pour qu’ils puissent servir ce à quoi ils ont été affectés. Nous allons transmettre le constat que nous avons fait à qui de droit, notamment au Ministère de l’Education Nationale et éventuellement aux autres structures en la matière. Il faut que la loi puisse s’appliquer dans toute sa rigueur », a dit le président du ROSEN.
Moumouni Idrissa Abdoul Aziz (Stagiaire)