À 24 ans seulement, il évolue déjà parmi les professionnels de son domaine. Il s’appelle Salha Mamane et exerce, en tant que garagiste, un métier transmis par son père, mais sa véritable passion c’est la lutte traditionnelle. Ce jeune lutteur vient de faire son entrée dans la cour des grands. Il aspire déjà à affronter les meilleurs lutteurs et à monter sur le trône. Ce jeune combattant a commencé sa carrière de lutteur à l’occasion du Sabre National de Diffa en 2023. Il ne possède pas la stature imposante d’un Issaka Issaka, ni la puissance d’un Oumarou Ali Bindigaou, mais il est doté d’une volonté inébranlable, d’une agilité hors-pair, et d’une technique exceptionnelle. Il n’a eu aucun mal à affronter des lutteurs de grande renommée, démontrant ainsi sa détermination à aller loin.
N’ayant pas suivi un cursus scolaire classique, il a été inscrit dans une école coranique dès son plus jeune âge. À l’âge de 16 ans, dans le but de parfaire ses connaissances, il a entrepris un voyage à Niamey, au quartier Aéroport, afin de poursuivre ses études coraniques. « Parfois, après les études, mes amis et moi, nous nous retrouvions sur une grande place sablonneuse pour nous amuser aux jeux de langa, de la lutte, ou de la course à pied. J’étais passionné par la lutte traditionnelle et j’étais très doué dans cette pratique. De temps en temps, nous participions à des compétitions mineures à Malan Koira, et je remportais souvent les prix de motivation. Par la suite, j’ai été convié à participer à des entraînements au quartier Boukoki. J’ai attiré l’attention du public sur moi, car de grands lutteurs venaient s’entraîner, et parfois ils me dominaient et parfois je les dominais. Il y a même eu un moment où ils ne pouvaient plus me vaincre », a-t-il expliqué.
Après avoir achevé sa formation coranique, son ami et patron, Aniss Amadou, a tenu à le présenter à l’entraîneur de Tillabéri, Laouali Issoufou, qui l’a intégré dans l’écurie de la région. C’est de cette manière qu’il a participé à sa première compétition de lutte traditionnelle au sabre national de Diffa. « Je viens de débuter dans cette lutte, je veux progresser petit à petit et je suis déterminé à suivre ma passion, sans viser un gain financier. Je vais continuer à concilier ma passion et mon travail. Tout le monde convoite ce sabre et pour ma part, je souhaite simplement que Dieu me donne l’opportunité de soulever ce trophée de roi de l’arène. Je suis patient mais je n’ai jamais passé une nuit sans rêver d’obtenir le sabre national, et je n’ai jamais douté une seule fois que je l’aurai. Si c’est mon destin, je l’aurai, inch’Allah. Je garde l’espoir », a-t-il dit.
Salha Mamane n’a pas rencontré le moindre obstacle dans cette lutte. Il affirme n’avoir aucune peur des lutteurs, qu’il s’agisse du sextuple champion Issaka Issaka ou de Zakirou Zakari. « La lutte dépend non seulement du talent, de la force et de la technique, mais aussi de la chance. J’ai combattu, j’ai été vaincu, j’ai tiré des enseignements de mes défaites. J’ai vaincu des adversaires et j’ai tiré des leçons à chaque occasion. Je poursuis un objectif et je m’efforce de l’atteindre », a-t-il déclaré.
Salha Mamane affirme que, pour être un bon lutteur, la clé est de s’entraîner beaucoup pour avoir une bonne condition physique afin de faire face aux lutteurs les plus coriaces. Ensuite, la prière individuelle, collective, familiale et celle des amis ainsi que le soutien des fans sont essentiels pour obtenir l’aide de Dieu et sa bénédiction. Enfin, une alimentation équilibrée, la force, la tactique et la technique sont également nécessaires. Lors de sa première participation à Diffa en 2022, il a connu un début difficile en étant battu dès le premier combat par Sabo Abdoulaye de Niamey. Cependant, lors de sa deuxième participation au sabre d’Agadez en 2023, il a réussi à remporter 7 combats sur 8, et c’est finalement Noura Hassan qui arrêta sa série de victoires. Salha Mamane a été récompensé pour n’avoir été vaincu qu’une seule fois lors de la 44ème édition du sabre national. « J’encourage les dirigeants à soutenir les lutteurs qui chutent au premier jour afin de les inciter à redoubler d’efforts. Je prie les arbitres à être équitables car certains lutteurs se plaignent beaucoup. J’invite les lutteurs de chaque région à défendre leur honneur, à être solidaires, combatifs et compétitifs au niveau national et international. Je remercie chaleureusement mes supporteurs, en leur demandant de continuer à prier pour moi jusqu’au sacre ultime », a-t-il conclu.
Assad Hamadou (ONEP)