
En marge de la Conférence de l’Union Africaine qui s’ouvre demain 7 juillet à Niamey, s’est tenue ce matin une table ronde pour la mobilisation des ressources en vue de la mise à l’échelle du Projet Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (Sahel Women’s Enpowerment and Demographic Dividend – SWEDD). C’est le Président de la République du Niger, M. Issoufou Mahamadou qui procédé à l’ouverture de cette table ronde, en présence du Premier ministre Brigi Rafini, des Premières Dames du Niger, du Mali, de la Mauritanie, du Bénin, des représentants des Premières Dames du Cameroun et du Tchad.
Cette table ronde regroupe les ministres des pays bénéficiaires du projet, les partenaires techniques et financiers, le secteur privé, les Organisations internationales, Associations et ONG, avec pour objectif de mobiliser et diversifier les partenaires en vue de rassembler les ressources qui permettront d’étendre le projet SWEDD à d’autres pays africains. Mis en œuvre depuis novembre 2015 dans 6 pays (Burkina Faso, Cameroun, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), le projet SWEDD a enregistré des succès palpables en termes d’autonomisation des femmes et des filles ainsi qu’en matière d’offre de services et produits de santé de la reproduction. Le projet SWEDD est jusque là principalement financé par la Banque mondiale à hauteur de 295 millions de dollars US et mis en œuvre par l’UNFPA, la CEDEAO et les Etats bénéficiaires.
Les résultats enregistrés par le SWEDD font que d’autres pays ont exprimé le désir d’en être bénéficiaires. C’est notamment le cas du Cameroun, de la Guinée et du Sénégal. La mise à l’échelle du SWEDD nécessite davantage de ressources. Et c’est dans ce cadre qu’est organisée cette table ronde.
Au cours de cette rencontre de haut niveau, les institutions internationales (Banque mondiale, l’UNFPA, etc.), le secteur privé africain (chambre consulaire de l’Uemoa) et les Etats membres ont réaffirmé leur engagement à soutenir l’extension du SWEDD à d’autres pays africains. Tous les intervenants à cette table ronde sont unanimes que l’éducation, la formation et l’accès aux services et produits de santé reproductive, sont les bases d’une maitrise de la croissance démographique rapide. « La structure démographique actuelle de notre population marquée par une prédominance des jeunes ne doit plus être perçue comme un handicap mais comme une chance à saisir, si nous savons l’exploiter » a déclaré le Président Issoufou Mahamadou à l’ouverture de la table ronde. Lire ci- dessous l’intégralité du Discours du chef de l’Etat
Siradji Sanda(onep)
DISCOURS DE SEM ISSOUFOU MAHAMADOU, CHEF DE l’ETAT, LORS DE L’OUVERTURE OFFICIELLE DE LA TABLE RONDE DE MOBILISATION DES RESSOURCES DU PROJET AUTONOMISATION DES FEMMES ET DIVIDENDE DEMOGRAPHIQUE AU SAHEL(SWEDD)
NIAMEY, LE 6 JUIN 2019
EXCELLENCES MESSIEURS LES CHEFS D’ETAT ET DE GOUVERNEMENTS ;
EXCELLENCES MESDAMES LES PREMIERES DAMES ;
MONSIEUR LE PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE ;
MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE ;
MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA COMISSION DE LA CEDEAO ;
MADAME LA DIRECTRICE EXECUTIVE DU FONDS DES NATIONS UNIES POUR LA POPULATION ;
MESDAMES ET MESSIEURS LES MINISTRES,
HONORABLES DEPUTES ;
MESDAMES ET MESSIEURS LES PARTENAIRES AU DEVELOPPEMENT ET REPRESENTANTS DU SECTEUR PRIVE ET DE LA SOCIETE CIVILE ;
HONORABLES INVITES ;
MESDAMES ET MESSIEURS ;
Le Niger est heureux de vous accueillir aujourd’hui à Niamey, à l’occasion de la table ronde sur la mobilisation des ressources au profit de l’autonomisation des filles et des femmes, dans le cadre du projet « Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel, SWEED.
Le SWEDD est une vision commune que le Niger partage avec six autres pays sur les enjeux et défis du développement de notre continent, notamment ceux relatifs à l’accélération d’une transition démographique porteuse d’une plus grande autonomisation des femmes et d’un développement du capital humain, qui sont, comme vous le savez, des leviers irremplaçables d’accélération de la croissance économique et d’augmentation du bien-être des populations africaines, en particulier dans la région du Sahel.
Je voudrais à cet égard me réjouir du partenariat ambitieux qui existe entre les pays concernés et les partenaires au développement, notamment la Banque Mondiale, les Nations Unies et l’Union Africaine, visant à respecter les engagements pris en Novembre 2013, ici même à Niamey, pour atteindre l’objectif principal du SWEDD qui est « l’accélération de la transition démographique en vue de créer les conditions d’un Dividende Démographique à travers le renforcement de l’autonomisation des femmes » dans la région du Sahel. Cette vision, qui est la nôtre, est en phase avec l’Agenda 2063 et les objectifs de développement durable de l’Agenda 2030 des Nations Unies. En effet l’autonomisation des femmes et des jeunes est une des sept aspirations de l’agenda 2063 de l’Union Africaine.
Je suis heureux de relever ici l’engagement personnel de mes frères, Patrice TALON, Président de la République du Bénin, Christian Roch KABORE, Président du Burkina Faso, Alassane OUATTARA Président de la République de Côte d’Ivoire, Ibrahima Boubacar KEITA Président de la République du Mali, Mohamed Ould ABDEL AZIZ Président de la République Islamique de Mauritanie, Idriss Deby ITNO Président de la République du Tchad, qui sont si résolus à faire avancer l’émergence de notre Continent, à travers cette initiative régionale qu’est le projet SWEDD.
Je tiens également à saluer l’action des Premières Dames de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, qui œuvrent chaque jour pour l’amélioration des conditions de vie des femmes, des jeunes et des adolescents dans nos pays. Le soutien qu’elles apportent à la mise en œuvre de la campagne de communication pour le changement social et de comportement reproductif dans le cadre du projet SWEDD est très précieux, en ce qu’il permet d’entrevoir un avenir meilleur pour les populations de nos pays, en particulier notre jeunesse.
Par ailleurs l’année 2019 marquant les 50 ans de son existence, je saisis l’occasion de notre présente rencontre pour souhaiter de vive voix un joyeux anniversaire au Fonds des Nations Unies pour la Population.
Mesdames et Messieurs,
La structure démographique de nos pays, avec une forte proportion de jeunes, ne doit plus être perçue comme un handicap mais une chance si nous savons l’exploiter. L’ambition du SWEED est de transformer cet actif démographique en dividende économique. Pour ce faire, il faut accélérer la transition démographique, réduire les inégalités de genre, soigner, éduquer et former notre jeunesse tout en lui offrant des emplois.
A cet effet, le SWEED met l’accent sur une communication pour le changement social et le comportement dans le Sahel, sur le scolarisation et l’autonomisation des femmes et des filles, sur le renforcement de la santé de la reproduction ainsi que l’amélioration des capacités des leaders locaux à tous les niveaux.
La mise en place des programmes de formation, de requalification et d’insertion des jeunes en vue de la capture du dividende démographique est comparable à une chaîne de solidarité. C’est pourquoi nous avons intégré le dividende démographique dans nos plans nationaux de développement. Nous avons l’engagement des leaders religieux, des chefs traditionnels, de la société civile dans son ensemble, des médias, et surtout l’engagement d’une jeunesse de plus en plus informée, mature et citoyenne.
Le Niger est convaincu que l’atteinte du Dividende démographique par nos pays résultera de la mise en place d’un ensemble cohérent de réformes structurelles de grande envergure et d’investissements dans un cadre macroéconomique stable et planifié. Une des conditions de notre décollage économique est la réduction des taux de dépendance et donc l’accroissement du nombre de nos actifs par habitant, de nos capacités d’investissement et d’autonomisation des femmes et des filles.
Le secteur privé, avec son savoir-faire, permettra de compléter cette chaîne et d’offrir à l’Afrique toute entière une alternative crédible et viable de financement de son développement et ce, conformément à l’Agenda 2063 et aux objectifs de développement durable.
Par ailleurs l’accélération de la transition démographique exige l’élimination des mariages d’enfants, des grossesses précoces et des grossesses à risques, notamment rapprochées, tardives et très nombreuses, qui sont largement responsables de la persistance de taux de mortalité maternelle et infantile toujours trop élevés malgré les progrès réalisés. La scolarité de la jeune fille au moins jusqu’à l’âge de 16 ans et la santé de la reproduction sont les deux instruments essentiels de la transition démographique.
Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Le projet SWEDD a été développé pour répondre aux défis que je viens de décrire. Depuis son lancement à Niamey en novembre 2015, sa mise en œuvre a enregistré des progrès remarquables grâce à la conjugaison des efforts entre nos Etats et les Partenaires, à travers plusieurs initiatives dont notamment :
– L’engagement des Premières Dames, des réseaux de jeunes, des leaders traditionnels et religieux, des journalistes, des parlementaires, des juristes, des communicateurs traditionnels et des artistes de renom ;
– L’engagement du secteur privé avec la tenue d’un forum de partenariat public-privé en décembre 2018 ;
– La création des Espaces Sûrs et des Clubs de Maris et futurs Maris pour donner une seconde chance aux filles déscolarisées et non scolarisées ;
– La création de trois centres d’excellence pour le Master en Sciences Infirmières et Obstétricales à Abidjan et Bamako ;
– La mise en place d’observatoires nationaux du dividende démographique, pour ne citer que ceux-là.
Ces résultats encourageants confortent la pertinence de cette table ronde dont le thème est Investir dans l’autonomisation des femmes et le capital humain en tant que stratégie de développement pour la croissance. Nos travaux rentrent également dans la droite ligne des recommandations des pays de l’Union Africaine issues de la revue de la Déclaration d’Addis-Abeba sur la Population et le Développement (AADPD), qui ont qualifié le projet SWEDD d’exemple de partenariat régional, qui mérite d’être soutenu, renforcé et porté à l’échelle du Continent.
C’est pourquoi, dans la perspective de la consolidation et de l’extension des acquis de cet important instrument, nous tenons à réaffirmer notre engagement à accroître les investissements au profit de l’autonomisation des femmes et des filles, afin de permettre à un plus grand nombre d’entre elles de réaliser leur plein potentiel.
Je voudrais ici, rassurer nos partenaires, ainsi que les organisations de la société civile et le secteur privé, que nous veillerons à créer un environnement national propice aux investissements. Nous renforcerons chaque jour la confiance des investisseurs à travers une communication fluide et transparente, la sécurisation des personnes et des biens, la mise en place de mesures d’incitation fiscale et surtout l’instauration de la bonne gouvernance à travers notamment la poursuite des réformes dans secteurs de la justice, de la douane, des impôts, des droits de l’homme, de l’équité et de l’égalité de genre.
Mesdames et Messieurs
Notre continent vit un moment décisif de son histoire avec le lancement, demain de la zone de libre-échange continentale africaine. Ce projet constitue un tout cohérent avec les autres plans et programmes de l’agenda 2063 de l’union africaine notamment le plan de développement des infrastructures en Afrique, le plan de développement industriel de l’Afrique, le plan de développement agricole de l’Afrique. L’agenda 2063 est en réalité une mise à l’échelle du continent des plans que nos gouvernements exécutent au niveau national. Dans la même démarche, le partenariat entre les 7 pays concernés par le projet SWEDD, mérite d’être porté à l’échelle du continent. Cela contribuera à la réalisation de la vision de l’Afrique que nous voulons : « une Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée et gérée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale. »
Je vous remercie