
Lors de l’entretien sur le plateau de la RTN
Madame la ministre, le Niger est souvent confronté à des crises multiformes qui affectent sérieusement nos populations. Comment se présente notre dispositif national de réponses ? Dans quel état se trouvait-il avant les évènements du 26 juillet 2023 ? Et quelle amélioration avez-vous apportée depuis que vous êtes à la tête de ce département ministériel ?
J’aimerais tout d’abord, avant de commencer, remercier la RTN de m’avoir invitée sur ce plateau pour parcourir ma lettre de mission et aussi faire le bilan relatif à cette lettre de mission. J’aimerais aussi remercier son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, pour la confiance placée en ma modeste personne à la tête du Ministère de l’Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes. J’aimerais aussi remercier le Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances, Ali Mahaman Lamine Zeine, pour ses orientations durant les 19 mois passés. J’aimerais aussi saluer les efforts de nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité pour la sécurisation de nos frontières et de notre pays. Je profite aussi de ce plateau pour saluer la résilience et la solidarité de nos populations qui ont fait preuve de courage pendant les 19 mois passés.
Comme vous le savez, le Niger a traversé des périodes difficiles pour lesquelles j’aimerais vraiment saluer cette résilience, la solidarité et le courage de nos populations. Permettez-moi de donner quelques petites définitions qui peuvent poser les jalons pour mieux comprendre le rôle et le mandat de mon département ministériel. La première définition que je vais donner, c’est l’action humanitaire qui est l’assistance apportée aux populations en détresse pour sauver les vies, soulager la souffrance et préserver la dignité humaine lors des crises. La gestion des catastrophes, quant à elle, est un ensemble de mesures visant à prévenir, à préparer, à réagir et à se reconstruire face aux catastrophes naturelles et humaines pour réduire leur impact sur nos populations.
Maintenant, le premier point de ma lettre de mission est le renforcement du mécanisme de suivi des personnes en situation de vulnérabilité à travers l’établissement d’une base de données dynamique. Le deuxième point de la lettre de mission se résume autour de l’élaboration de tout ce qu’il y a comme stratégies et politiques les actions de prévention, de réaction et d’atténuation tenant compte des tissus économiques de la population. Le troisième point de la lettre de mission est l’amélioration des perspectives d’emploi des couches défavorisées afin de réduire la pauvreté de manière durable. Le quatrième, c’est l’implication des communautés dans tout ce que nous faisons comme actions, comme projets et programme, tout ce que nous élaborons afin de garantir l’implication de nos communautés. Et le cinquième point est de mettre en place un cadre de mesure de performance pour évaluer la mise en œuvre des quatre points de cette lettre de mission.
Pour revenir à votre question, depuis ma prise de fonction, nous avons procédé à une évaluation interne afin de voir concrètement quelles sont les forces du Ministère. Quelles sont les faiblesses ? Quelles sont les opportunités, quels sont les défis ? Et quelles sont les menaces aussi ? Donc suite à ce diagnostic, nous avons procédé à une réorganisation et à des réformes internes. À travers cette réorganisation, nous avons réaménagé l’organigramme du Ministère en créant deux directions générales. Parce qu’aujourd’hui, dans le cadre de la gestion de ces catastrophes, nous avons tendance tout le temps à penser uniquement à la réponse aux urgences et oublier qu’il faut accompagner ces populations à être plus résilientes et subvenir à leurs besoins et absorber les chocs de ces situations de crise. Donc, nous avons créé une direction générale de la réponse et coordination humanitaire qui se charge du volet relation et partenariat, parce qu’aujourd’hui dans le cadre de l’action humanitaire et la gestion des catastrophes, nous travaillons avec les partenaires humanitaires, la communauté humanitaire. Cette direction est en charge de gérer les partenaires. Nous avons une deuxième direction aussi qui prend en compte l’aspect genre dans les réponses que nous amenons parce qu’aujourd’hui on se dit que dans les réponses que les vivres sont suffisants ; les biens non alimentaires, c’est un kit uniforme alors que parmi les personnes que nous assistons, il y a des femmes allaitantes, il y a des femmes enceintes, il y a des filles, il y a des vieillards, il y a des personnes à besoins spécifiques. Donc, nous avons créé une direction qui se charge de ça et aussi une autre direction qui se charge des secours d’urgence et de la gestion des traumatismes parce qu’aujourd’hui, on assiste et on oublie que ces personnes ont besoin d’une prise en charge psycho-sociale. La deuxième direction générale, comme je l’ai dit, quand on assiste aux urgences, on doit accompagner. Nous avons créé une direction générale de résilience aux catastrophes et chocs au sein de laquelle il y a toutes les actions anticipatoires préventives, l’élaboration du cadre législatif pour que tous les acteurs qui interviennent dans ce domaine s’alignent avec les priorités de l’Etat. Nous avons aussi pensé à la promotion des moyens de subsistance parce que sur ce volet le Niger est majoritairement composé d’éleveurs, d’agriculteurs et de pêcheurs. Donc la promotion des moyens de subsistance dans l’accompagnement de ces personnes impactées par les crises et chocs est très importante. Nous avons aussi pensé à l’action communautaire, la promotion des actions communautaires. Aujourd’hui, les premiers acteurs pendant les crises au Niger, ce sont les communautés qui subissent et ce sont elles qui assistent aussi. Donc, nous avons pensé à intégrer cet aspect promotion des actions communautaires pour que la voix des communautés puisse être prise en charge dans les outils et stratégies que nous élaborons. Maintenant, la dernière réforme que nous avons faite à l’interne, c’est d’élargir notre direction des statistiques et de l’information en greffant l’aspect suivi évaluation, l’aspect redevabilité, et l’aspect gestion des données des interventions humanitaires pour la fiabilité des données. Aussi, comme on a en charge la base de données dynamique, nous utilisons les données pour mesurer l’impact de nos actions dans la vie des populations et aussi nous avons immédiatement procédé à une révision et une adaptation de nos textes existants. Nous avons révisé nos stratégies, renforcé les capacités de nos agents parce qu’aujourd’hui, l’action humanitaire est transversale et requiert des compétences dans plusieurs domaines. C’est pourquoi, nous avons aussitôt commencé le renforcement des capacités de nos agents. Tout ce que je viens de citer concourt à l’amélioration du délai de réponse lors des déplacements, des mouvements des populations ou lors des inondations que nous avons subies tout récemment.
Mme la ministre, vous avez cité tout à l’heure les quatre points de votre lettre de mission dont le premier point porte sur le renforcement des mécanismes de suivi et de gestion des personnes en situation de vulnérabilité tels que la base de données dynamique. Alors, qu’est-ce qui a été réalisé sur ce point à ce jour ?
Permettez-moi de faire le lien de ce point de la lettre de mission qui est une action prioritaire de la vision du Chef de l’Etat dans l’axe 4 intitulé Accélération des réformes sociales. Dans l’axe 4 de la vision du Chef de l’Etat, il est dit exactement que c’est une action prioritaire et que cette base de données se veut dynamique, elle doit comporter des données précises, complètes sur les conditions de vie de nos populations et les risques de vulnérabilité des ménages sur l’ensemble de la population. Cette base de données, une fois établie, nous permet de savoir qui sont ces personnes vulnérables, où sont ces personnes vulnérables et de quoi est-ce que ces personnes ont besoin pour sortir de leur situation de vulnérabilité et devenir autonomes ? Pour répondre à votre question, concrètement depuis notre prise de fonction, le Ministère de la l’Action Humanitaire est en charge de l’enregistrement systématique lors des mouvements de population. Nous collectons les données, nous travaillons de commun accord avec le gouvernorat sur le processus de validation de ces données. Les équipes collectent les données et le gouvernorat pré-valide les données pour envoyeŕ au Comité national de collecte de données et de gestion des informations sur les PDI et ces données sont centralisées au niveau national. Ensuite, on envoie à l’INS qui fait une certification de ces données. C’est ça qui nous permet d’avoir le nombre de personnes déplacées sur le territoire national. Dans le cadre de l’établissement de cette base de données, nous avons innové, nous avons gravi une marge de l’échelle en utilisant la biométrie pour faire la collecte de données. Donc aujourd’hui, nous avons commencé en novembre 2023 à Diffa, une phase pilote sur l’enregistrement biométrique des personnes déplacées internes. Pour cet enregistrement biométrique, nous n’utilisons pas l’empreinte digitale, mais nous utilisons l’iris des yeux pour pouvoir identifier ces personnes. Et cet enregistrement biométrique nous permet d’avoir réellement des données précises, complètes, d’éviter le doublon et d’optimiser les réponses qui sont apportées parce qu’on a des chiffres concrets et complets sur le nombre de personnes à assister et à accompagner. Dans le cas de cette biométrie, nous avons enregistré à Diffa à peu près 121.363 personnes déplacées internes sur 169.621 personnes, soit un taux d’exécution de 72 %. Après l’étape de Diffa, nous allons mettre à l’échelle l’enregistrement biométrique dans les régions qui ont des personnes déplacées internes, à savoir Tahoua, Maradi, Tillabéri et Dosso. Dans le cadre de la base de données dynamique, en collaboration avec l’AGHRYMET qui nous appuie et les différents départements ministériels, nous sommes en train aussi d’établir une base de données sur des pertes et dommages liés aux différents types d’aléas climatiques en lien avec les catastrophes et cela permet vraiment à l’Etat d’avoir une meilleure projection en termes de coûts causés par ces différents aléas et d’améliorer la planification et la budgétisation annuelle que nous faisons. Nous procédons à des collectes de données sur l’évaluation des besoins des personnes déplacées internes à travers le DTM qui est une matrice de suivi des déplacements. Ce qui nous permet de savoir où a été enregistrée cette personne qui est sur la base de données. Ça nous permet vraiment d’avoir une base de données dynamique. Et nous comptons élaborer une base de données plus complète qui va au-delà des personnes déplacées internes, qui recense toutes les personnes vulnérables et qui prend en compte leurs besoins. Les données sont très importantes dans la gestion des catastrophes et nous comptons améliorer nos réponses vis-à-vis des personnes vulnérables.
C’est la première fois que ça se passe comme ça au niveau du Ministère, parce que ce Ministère existait depuis des années ? c’est une innovation ?
C’est la première fois, parce que le Ministère a été créé en 2016 et, comme je l’ai dit, le Ministère a mandat d’enregistrer de façon systématique les mouvements des populations, d’avoir une base de données. Mais, l’enregistrement biométrique, nous l’avons, comme je l’ai dit, commencé en novembre 2023 à Diffa et présentement l’enregistrement se poursuit.
Madame la ministre, les crises récurrentes que connaît notre pays dans le domaine de votre compétence sont si graves et fréquentes que l’on devait normalement en tirer des leçons et aller vers une certaine maîtrise de ces situations. Qu’en est-il ?
En effet, comme vous l’avez mentionné, les crises que connaît le Niger sont aussi récurrentes. Et ce n’est pas seulement au Niger, je dirais que c’est le Sahel en entier et elles sont multiformes. Nous avons les crises telles que les conflits, les inondations, les feux de brousse, les sécheresses. Nous sommes d’accord aussi que la majorité de ces crises échappent au contrôle de l’homme, si je peux le dire ainsi. C’est un des facteurs qu’on ne peut pas contrôler mais, ce qu’on peut faire, c’est anticiper et atténuer l’effet de ces crises sur nos populations. Et c’est ce que nous faisons d’ailleurs et nous continuons à faire. Concrètement, c’est ça la résilience, s’adapter et anticiper. Comme j’ai eu à le dire, les communautés sont les premières qui subissent et les communautés sont les premières qui assistent. Donc il faut qu’on renforce les capacités de ces communautés pour mieux absorber l’effet de ces crises. C’est donc dans ce sens que le Niger a élaboré une étude de profil de risque. Cette étude nous a permis concrètement de développer des plans d’investissement qui prennent en compte les différents types de risques auxquels nos populations sont confrontées.
Et la leçon que nous pouvons tirer est que nous devons toujours être préparés. Nous devons anticiper la survenue de ces crises à travers les actions anticipatoires telles que les prépositionnements d’équipe, par exemple, pour les déplacements des personnes et aussi les inondations. Comme ça, à la survenue de ces crises, on peut immédiatement mettre à disposition des communautés qui en ont besoin. Il faut aussi renforcer la résilience des communautés, puisque comme je l’ai dit, elles sont les premières qui subissent et qui assistent. Il faut aussi renforcer la capacité du personnel qui intervient et qui les accompagne. Nous avons aussi élaboré des plans de contingence multirisques qui prennent en compte les différents aléas. Le Niger s’est doté d’un plan de contingence inondation. C’est d’ailleurs de ce plan de contingence que nous avons extrait le plan d’urgence inondation de l’année 2024. Et nous sommes aussi en train de réviser la stratégie nationale de réduction des risques des catastrophes qui doit prendre en compte tous les différents aléas auxquels nos populations sont confrontées. Dans ce même sens, nous assurons le leadership.
Une stratégie qui n’est plus adaptée, il faut la revoir.
Oui, elle n’est plus adaptée, il faut la contextualiser, il faut prendre en compte les besoins réels de nos communautés. Et comme je l’ai dit, le quatrième point de la lettre de mission, c’est l’implication des voix des communautés dans l’élaboration des stratégies, projets et programmes que nous faisons. Nous voulons sortir du carcan où nous restons dans nos bureaux et nous élaborons des projets, des solutions. Nous apportons des solutions pour nos communautés alors que ces solutions ne viennent pas d’elles. Donc, nous sommes en train de réviser cette stratégie et nous avons, dans ce sens, redynamisé la plateforme nationale de réduction des risques des catastrophes qui est multi-acteurs, qui est composée de tous les acteurs, des différents départements ministériels et structures qui agissent dans le cadre de la gestion des catastrophes. Donc cette stratégie est en cours de révision et prochainement elle sera validée et mise dans le circuit d’adoption. La leçon c’est quoi ? Une fois qu’on subit, il faut qu’on soit apte à répondre et à être résilient. Dans ce sens, nous avons validé une étude de faisabilité sur l’assurance agricole indicielle qui permet le transfert des risques, qui permet aussi à nos agriculteurs, à nos éleveurs, à nos pêcheurs d’être indemnisés en cas de survenue de ces risques. Donc, ça permet aussi de réduire la vulnérabilité de ces acteurs, et nous savons que le Niger est constitué majoritairement d’agriculteurs, de pêcheurs et d’éleveurs.
Parlons toujours de leçons qu’il faut tirer. Est-ce à dire, madame la ministre, aujourd’hui, qu’on ne va plus revivre la situation que nous avons vécue pendant ces inondations ou pas ?
Comme vous le savez, les inondations de 2024, étaient exceptionnelles. En effet, en 2023, on avait à peu près 20 000 ménages, soit environ 160 000 personnes, qui étaient impactés. Mais, en 2024, c’est un million cinq cents et quelques personnes impactées. Et comme je l’ai dit, c’est l’anticipation. Nous avons anticipé sur beaucoup de plans et nous continuons à le faire. Et comme je l’ai dit, c’est une fois qu’on subit, on s’adapte pour mieux absorber et moins être vulnérable à ces chocs. Ces crises sont des catastrophes naturelles, dont l’homme n’a aucun contrôle là-dessus.
Mais on peut renforcer leur résilience et les capacités ? la météo a annoncé beaucoup de pluies ces prochaines années dans le Sahel, notamment. Donc, on sait déjà qu’il y aura beaucoup de pluies. Et quand il y a beaucoup de pluies, il y a déjà des situations d’inondation. Qu’est-ce qu’il faut faire ?
Nous avons un plan de contingence multiacteurs qui est là. Et tous les acteurs qui interviennent dans le cadre des inondations ont contribué à l’élaboration de ce plan de contingence qui a un plan d’action, qui prend en compte les actions anticipatrices, les actions préventives, les actions de réponse, qui projette aussi le nombre de sinistrés et aussi les réponses qu’il faut apporter à ces personnes en termes de relèvement. Parce qu’aujourd’hui, l’urgence, c’est trois mois. Après les trois mois, on procède au relèvement de ces populations et l’accompagnement pour qu’elles soient moins enclines à subir ces pertes et dommages et à être plus résilientes. C’est une partie de ce plan de contingence que nous avons mis en œuvre pendant les inondations de l’année passée. Parce qu’il fallait dans l’urgence adapter ce plan de contingence. Comme je l’ai dit, tous les acteurs ont contribué. Le Ministère de l’Action humanitaire a un volet dont il est en charge. Et les autres acteurs aussi ont leur partie à jouer. Et c’est la même chose pour le cas des classes qui étaient occupées. On a travaillé avec le Ministère de l’Éducation. Les routes qui étaient coupées, le Ministère des Transports a travaillé là-dessus. Donc, tous ces aspects font partie du plan de contingence. Parce que c’est une prévision. En cas de survenue d’inondation, qu’est-ce qu’il faut faire ? Quel acteur a un rôle à jouer ? Et comment est-ce qu’il doit le faire ? C’est ça le contenu du plan de contingence.
Madame la ministre, votre département ministériel est en charge de l’élaboration des stratégies de gestion du risque, à savoir la prévention, atténuation et réaction à tous les niveaux, tenant compte de la fragilité du tissu économique. Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Nous avons une politique humanitaire dotée d’un plan d’action qui se focalise sur quatre axes. Le premier axe, c’est le renforcement des dispositifs du cadre institutionnel, législatif et réglementaire pour une meilleure coordination en matière d’action humanitaire et de gestion des catastrophes. Le deuxième, c’est la prévention et la mobilisation communautaire pour la gestion des catastrophes. Le troisième point, c’est la préparation, l’alerte et la réponse aux catastrophes. Et le quatrième point, c’est le développement des actions de relèvement.
Et comme je l’ai dit, c’est pour ça qu’on avait réorganisé le Ministère pour prendre en compte les actions d’urgence et les actions d’accompagnement des populations. De manière concrète, nous avons élaboré un plan d’urgence inondation qui est une déclinaison du plan de contingence global. Aussitôt, nous avons activé la cellule de crise de gestion des inondations qui est multi-acteur, qui est pilotée par le Ministère de l’Action Humanitaire et, d’habitude, chaque année, aux premières pluies, cette cellule de gestion des inondations se met en place. Elle se réunit chaque semaine, chaque lundi, pour faire le point sur les dégâts causés par les inondations, les prévisions météorologiques, l’assistance apportée et le GAP.
Nous avons aussi révisé la stratégie de solution durable. À ma prise de fonction, il existait une stratégie de solution durable qui prenait en compte les personnes déplacées internes. Au vu de notre contexte, nous avons contextualisé cette stratégie qui est aujourd’hui dans le circuit d’adoption. C’est quoi la stratégie de solution durable ? Peut-être que vous pouvez vous poser la question. Aujourd’hui, nous avons des personnes déplacées internes. Nous savons que certaines souhaiteraient retourner dans leur zone d’origine. Donc, nous avons un plan d’action pour ces personnes qui souhaiteraient retourner dans leur zone d’origine. Nous avons un plan d’action pour celles qui aimeraient se réintégrer dans les communautés hôtes, les communautés qui les accueillent. Nous avons un plan d’action pour celles qui souhaiteraient se relocaliser vers d’autres zones. Nous avons aussi un plan pour les communautés hôtes, les communautés qui accueillent, qui sont au-devant, qui sont les premières à accueillir ces personnes déplacées internes.
D’habitude, quand on déploie l’assistance pour les réfugiés et les personnes déplacées internes, on prend uniquement en compte les besoins de ces personnes et on oublie les communautés qui étaient les premières à les accueillir. Cette stratégie de solutions durables a permis de prendre en compte les besoins de ces communautés hôtes, parce que dans ces communautés aussi il y a des personnes vulnérables qu’il faut considérer. Nous avons réadapté cette stratégie qui est actuellement dans le circuit d’adoption. La deuxième stratégie que nous sommes en train d’élaborer, comme je viens de le mentionner tout à l’heure, c’est la stratégie de réduction des risques des catastrophes, où nous avons réactivé et opérationnalisé la plateforme nationale de réduction des risques des catastrophes, qui est multi-acteurs, qui se charge de toutes les actions anticipatoires, préventives, de réponse, de réaction, d’atténuation et de relèvement.
Nous avons aussi une stratégie nationale de relèvement durable et son mécanisme de financement. Ça aussi, ça va au-delà des six mois. Comme je l’ai mentionné tout à l’heure, nous sommes dans le processus de mettre en place une base de données sur les pertes et dommages, pour nous permettre de mieux budgétiser, de mieux anticiper et de mieux projeter l’impact budgétaire de ces pertes et dommages causés par les crises et catastrophes sur nos populations, afin de les prendre en charge.
Nous avons une stratégie de localisation qui nous permet vraiment de créer une synergie d’actions de tous les acteurs humanitaires sur le territoire nigérien, et cela dans le but d’optimiser l’assistance aux personnes vulnérables. Cette stratégie de localisation permet le transfert de compétences des ONGs internationales, des structures humanitaires vers les communautés, qui sont d’ailleurs les premières à répondre en cas de crise, et qui sont celles qui subissent aussi. Nous avons aussi lancé le processus de l’assurance agricole indicielle, où l’étude de faisabilité a été validée. En plus de cela, nous avons élaboré une cartographie des zones inondables qui prend en compte les cinq dernières années des zones inondées, et des zones potentiellement inondables. Et nous avons disponibilisé cette cartographie aux huit régions, aux départements, pour qu’ils puissent anticiper et aussi déjà avoir une idée des régions qui étaient susceptibles d’être inondées pendant les cinq dernières années.
ONEP