
Le Colonel Maizama Abdoulaye
Monsieur le ministre, quels sont les problèmes majeurs environnementaux auxquels notre pays, les pays de l’espace AES, sont confrontés et quelles sont les approches et mesures prises pour y faire face ?
À l’entame de mes propos, permettez-moi d’abord, au seuil de ce nouvel an 2025, de présenter au peuple nigérien, peuple résilient, mes vœux de bonheur, de prospérité et surtout de paix pour notre pays. Je profite aussi de ce plateau pour remercier les autorités du Niger et le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie pour nous avoir confié ce département ministériel en charge des questions aussi vitales que sont l’eau et l’environnement. Permettez-moi encore de faire miennes les questions sécuritaires déroulées ici par mes prédécesseurs, je cite ici mes ainés, le ministre de la Défense nationale et le ministre de l’Intérieur. Les questions sécuritaires et les questions aussi liées à la problématique de la gestion des ONG car, comme vous le savez, nous avons un département ministériel qui travaille beaucoup avec les ONG.
Je ne vais pas revenir sur les insuffisances citées çà et là, nous en faisons nôtres. Et, c’est le même terrain sur lequel nous intervenons qui est aujourd’hui impacté par la question d’insécurité. Pour revenir à la question, il faut préciser que les problèmes environnementaux majeurs auxquels est confronté le Niger et, par extension, les pays de la Confédération de l’AES puisque, nous vivons pratiquement dans le même espace et, approximativement, nous avons les mêmes réalités socio-climatiques, sont, entre autres, la dégradation des terres, la régression des superficies forestières, les pertes de la biodiversité, les pollutions et les nuisances de tout genre. A ces problèmes s’ajoutent les changements et variabilités climatiques avec toutes leurs contingences, les tempêtes, les vents de sable, les inondations et quelques moments de canicule.
Relativement aux approches, c’est l’adoption des mesures d’adaptation mais aussi d’atténuation comme cela a été prévu par nos différentes Contributions Déterminées au niveau Nationales donc prévues dans le cadre de la réponse aux effets du changement climatique. C’est aussi l’adoption d’une approche intégrée et c’est la mise à l’échelle de toutes les techniques et technologies. Donc, l’institutionnalisation, par exemple ici au Niger, d’une journée spécifique de l’arbre, la communication et la sensibilisation telle que nous sommes en train de le faire, il faut les mettre à votre actif. La priorité est aussi donnée aux projets environnementaux de grande envergure, plus structurants. Car, quand vous prenez les difficultés ou la problématique de la dégradation de l’environnement, elle va au-delà pratiquement de nos frontières. Quelque part, elle est même transfrontalière. Ainsi, c’est le développement et la restauration des bases productives que constituent les terres, tels que définis par le premier point de notre lettre de mission.
Monsieur le ministre, dans la même lancée, quelles sont les initiatives prises ou envisagées dans le cadre de l’AES, voire d’autres encore, pour protéger notre environnement, sachant que la problématique environnementale dépasse largement la seule sphère étatique ?
Depuis la salutaire initiative de nos chefs d’État pour créer l’Alliance des États du Sahel, nous sommes entré en contact permanent avec nos collègues du Burkina Faso et du Mali. Nous nous sommes toujours concertés, que ce soit en présentiel ou en virtuel. A travers ces rencontres, nous essayons de regarder pratiquement vers les mêmes horizons. On peut citer, par exemple, la tenue de la séance de travail en marge du forum Climat, paix et sécurité dans le Sahel à Bamako au mois de novembre. Il y a aussi la tenue des séances de travail en marge de la célébration de la première édition de la Journée nationale de l’arbre ici au Niger, où nous avons invité tous nos collègues ministres du Burkina Faso et du Mali, accompagnés de leurs directeurs généraux des eaux et forêts et de la Grande Muraille Verte, et avec une représentation des jeunes qui sont venus séjourner et qui ont campé avec les jeunes nigériens. C’est donc pour déjà donner un déclencheur en matière non seulement de communication, mais aussi d’initiation de la jeunesse à donner les réponses à ces grands défis. C’est aussi la concertation permanente pour parler d’une seule voix comme je l’ai déjà évoqué à l’occasion des événements internationaux comme la Conférence des parties sur les changements climatiques, sur la diversité biologique et la Conférence sur la désertification. Il faut préciser aussi, c’est l’adoption du principe, donc de donner la priorité et, si cela est possible, au développement des projets régionaux. Par le passé, nous pouvons monter un projet, juste par exemple, qui concerne le Niger. Maintenant, depuis un certain moment, toutes les idées de projets que nous sommes en train de développer, dans leur majorité, nous les faisons afin que ça puisse être un projet beaucoup plus structurant, répondant au niveau de l’espace AES.
Et là, il faut dire que nous avons déjà instruit, au niveau de la Direction générale des eaux et forêts et de la Grande Muraille, qui sont en train de nous préparer une note conceptuelle d’une rencontre ministérielle de ces trois pays. À ce niveau, nous allons passer à l’adoption des principes communs de gestion des ressources naturelles. Par exemple, la politique forestière, la politique de gestion durable de la biodiversité, la politique de gestion durable des zones humides, la stratégie de lutte contre la criminalité environnementale et la stratégie climat, paix, sécurité de l’espace AES. Donc, via la mise en cohérence des documents de toutes ces politiques et stratégies nationales, il faut préciser aussi à ce niveau les pistes de développement des projets et programmes structurants et intégrateurs dans le secteur stratégique de l’environnement de l’espace AES et, entre autres, les facteurs d’accélération de la Grande Muraille Verte dans l’espace AES, puisque c’est un autre acquis. Les deux autres pays frères, à savoir le Burkina et le Mali, sont aussi parties intégrantes des 11 pays qui sont de l’espace de la Grande Muraille Verte.
Pour en venir à des questions précises, avez-vous défini des cadres stratégiques de collaboration avec le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage pour une meilleure efficacité, sachant que, sans doute, il existe une certaine complémentarité entre le secteur de l’environnement, de l’agriculture et ou de l’élevage ? Ensuite, avez-vous à ce jour élaboré un programme efficace de restauration et de préservation des bases productives sur la base d’une cartographie complète des sols dégradés en vue de l’amélioration de la productivité des systèmes agrosylvopastoraux et halieutiques ?
Il faut dire que mon département ministériel et celui de l’Agriculture et de l’Elevage sont non seulement complémentaires, mais aussi et surtout inter-liés et interdépendants. L’agriculture, l’élevage et le génie rural, l’hydraulique et l’environnement sont en réalité des branches d’un même arbre. J’ai nommé l’économie rurale. C’est pour cela, et sans doute, que les experts des deux départements ministériels sont en parfaite collaboration. Il faut préciser de fait avec plusieurs cadres fédérateurs en commun, comme la recherche agronomique donc, le conseil agricole, les commissions foncières, les Réseaux des chambres d’agriculture, la Plateforme paysanne, les alliances productives, le pilotage de plusieurs projets et programmes de développement intégré, les systèmes d’alerte précoce, le Conseil national pour l’environnement et le développement durable, la Commission nationale de l’eau. Les deux secteurs sont aussi au cœur de la mise en œuvre de la Contribution Déterminée au Niveau national et son plan d’investissement, la Stratégie nationale de biosécurité, les Stratégies biodiversité, l’aquaculture, l’exploitation de la gomme, du moringa et bien d’autres produits forestiers et non-ligneux. Donc, il faut savoir que notre département ministériel a mandat de restaurer non seulement les terres agricoles mais aussi les terres pastorales au même titre que les autres aspects dans la sylviculture qui sont liés aux terres forestières, et donc les réhabiliter, pour les rendre propices aux productions agrosylvopastorales et halieutiques. Par halieutique, il faut comprendre l’aquaculture et la pisciculture. À cela s’ajoute tout naturellement la prévention contre les feux de brousse, entre autres, pour protéger les pâturages. Donc, si nous protégeons les pâturages, c’est au profit d’un des démembrements du ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, donc au profit des pasteurs. Vous comprenez pourquoi mon collègue de l’Agriculture et de l’Elevage et moi-même travaillons ensemble comme le témoignent ces deux années d’exercice où nous avons lancé les campagnes de lutte contre les feux de brousse pratiquement ensemble. Et c’était une première de développer une synergie ou une certaine complémentarité ou solidarité gouvernementale. Dans les jours à venir, notamment le 20 et 25 février, nous aurons à organiser le Salon de l’Agriculture, de l’Elevage, de l’Hydraulique et de l’Environnement (SAHEL). Vous voyez, c’est conjointement et nous profitons d’ailleurs pour demander au maximum des Nigériens et pourquoi pas même les ressortissants des pays de l’AES à se déplacer massivement pour cette prochaine édition qui aura plusieurs innovations.
Pour revenir à votre question, il faut souligner que la restauration et la préservation des bases productives sur la base d’une cartographie complète des sols en vue de l’amélioration de la productivité des systèmes agrosylvopastoraux et halieutiques constituent un des points de la lettre à moi confiée par Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Chef de l’État, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. C’est une innovation majeure et pour l’élaboration de ce programme, nous avons d’abord travaillé à donner un contenu à l’ensemble de la lettre de mission, mais aussi donner une note conceptuelle, qui est dans notre méthodologie d’évaluation des opportunités de restauration pour fixer les priorités à ce niveau.
Et les priorités sont connues. La restauration des bases productives, c’est non seulement pour des questions de protection donc en ce qui concerne les espaces forestiers et d’autres plantations, par exemple urbaines et périurbaines, mais aussi c’est de restaurer les bases productives afin d’améliorer les rendements du point de vue des productions agricoles et comme le veut notre nouvel élan, d’aller vers la souveraineté alimentaire.
L’autre partie des terres aussi, qui seront restaurées, sont quelque part des enclaves pastorales donc pour favoriser non seulement la production et la protection du pâturage. Et l’autre manche aussi de la restauration des bases productives, c’est celle de favoriser l’irrigation, qui est un passage incontournable pour la souveraineté alimentaire. Ce qu’il faut préciser, c’est qu’en 2024, les outils de cartographie, comme méthodologie d’évaluation des opportunités de restauration, en prélude à l’élaboration, nous en avons testé dans 26 communes, réparties comme suit : Agadez 6 communes, Dosso 9 communes et Tillabéri 11 communes. Ainsi, des démarches ont été conduites en rapport avec les différents partenaires pour mobiliser les ressources nécessaires afin de pouvoir parfaire et aller au niveau des autres 266 communes. Ce qui est important à ce niveau, c’est que la cartographie nous met vraiment dans une forme de gouvernance environnementale. Une fois que la cartographie est réalisée au niveau de la commune, ça veut dire que nous avons une situation exhaustive de la nomenclature des différentes unités d’occupation de sol au niveau de cette commune. Qu’est-ce qui est réservé à l’agriculture ? Qu’est-ce qui est réservé à l’élevage ? Qu’est-ce qui constitue des dunes ? Donc qui constitue des menaces ? Puisque là, il faut avoir une typologie de la dégradation : terres en glacis, ou bien d’autres ravins et systèmes de ravinement et tout ce qui s’ensuit. On a une idée de ce qui a été fait par l’État et par ses partenaires, même par le passé, et qu’est-ce qui reste à faire ? Et dans ce qui reste à faire, si l’État va intervenir, ou si un partenaire quelconque vient, on ne va pas être, en tout cas, dans les anciennes pratiques, où il peut y avoir des duplications d’interventions, ou bien des interventions non harmonisées. On va faire des interventions plus judicieuses pour donner beaucoup plus de résultats.
Faire de la cartographie sous-entend donc qu’il faut géo-référencer pour avoir les coordonnées géographiques. Ce qui nous permettra de suivre non seulement depuis la situation des références, donc à l’état initial avant intervention, la dynamique, comment les changements sont en train d’intervenir, pour pouvoir restaurer et peut-être aller jusqu’à la réhabilitation de cet espace. Et on va arriver au moment de l’évaluation pour voir quels sont les effets et impacts induits par cette intervention. Ce qui peut nous conduire à une évaluation des services écosystémiques pour dire voilà cette intervention qui a mobilisé tel nombre de personnes, tel nombre de jours ou bien tel nombre d’années et par finir, voilà la plus-value que cela a apportée. Nous sommes dans ce processus, nous avons déjà des résultats à travers ces actions qui ont été réalisées. Par exemple, pour le traitement des terres dégradées, nous sommes aujourd’hui à 53.323 hectares. Et pour la fixation des dunes, nous sommes à 8.087 hectares à la date du 31 décembre 2024. La lutte contre les plantes envahissantes, 13.942 hectares pour les plantes envahissantes terrestres, parce qu’il y a les plantes envahissantes terrestre et aquatiques. Pour la lutte contre les plantes aquatiques envahissantes, nous avons traité 816 hectares. Nous avons réalisé la régénération naturelle assistée (RNA) sur 99.914 hectares. Ce qu’il faut saluer ici, c’est que les populations ont su adhérer et appliquer cette pratique aujourd’hui dans leur propre espace, dans leurs propres champs. Ces différentes réalisations ont permis de mobiliser plus de 4,83 millions d’hommes-jour, correspondant à la création de 36.616 emplois temporaires en six mois. Ces activités ont permis d’injecter en milieu rural 13,936 milliards de francs CFA en cash for work. Là, il faut dire que c’est l’effort de l’État et de ses différents partenaires. En outre, il a été réalisé 20 299 kilomètres de bandes par feu qui ont été ouverts pour protéger le potentiel fourrager. Mais, voyez un peu la complexité de ce phénomène ici, nous continuons encore à enregistrer et de manière récurrente des feux de brousse malgré tous ces efforts. Nous sommes en pourparlers avec certains de vos services pour aller en tout cas vers la communication, l’information et la sensibilisation des populations surtout.
Et justement, monsieur le ministre, vous évoquez cette question de feux de brousse régulièrement. Qu’est-ce qui explique ce fait de feu de brousse ? Parce que j’ai vu déjà dans la région de Tahoua où nous avons visité, c’est parti déjà, il y a plusieurs cas de ces feux de brousse. Comment on peut expliquer cette récurrence ?
La problématique est vraiment à plusieurs dimensions et, quelque part, c’est une question comportementale, la dimension humaine. Quelque part on n’exclut pas aussi des pistes de sabotage, criminelles puisque quand on parle de terrorisme, ce n’est pas seulement le fait de prendre une arme, de s’attaquer aux usagers d’une route ou bien à un village, etc. Et, c’est pour cela, effectivement, que nous avons donné priorité à une vigilance accrue et aux questions de communication et de sensibilisation que nous avons commencé à lancer avec vos services.
Pour continuer sur les réalisations, il faut préciser que c’est 5.536.309 plans forestiers qui ont été produits. Il y a aussi le classement de la réserve nationale des girafes, donc par décret 2024-801-PCNSP du 31 décembre 2024, et le classement en cours de la réserve communale de la biodiversité de Timia. Donc, il s’agit d’une avancée majeure dans l’atteinte des objectifs du cadre mondial de la biodiversité. Nous avons parlé aussi de l’institutionnalisation de la Journée nationale de l’arbre. Et pour preuve, ce que nous avons développé cette année, un modèle de plantation sur le tracé de la Grande-Muraille effectivement sur 50 hectares, l’une des premières, en tout cas. Ces 50 hectares sont clôturés et dotés d’un système d’arrosage et un système de gardiennage à Guesselbodi.
Nous entendons donner tout ce qu’il faut pour pouvoir réussir ce site et le dupliquer dans les autres régions, afin que ça puisse vraiment être une école. Pourquoi pas, à travers tous les pays de l’AES, puisque quand nous avons érigé ce site, nous avons invité nos collègues de l’AES. Et il faut préciser aussi l’adoption de l’ordonnance 2024-45 du 30 août 2024, modifiant et complétant la loi portant Statut autonome du personnel des cadres des eaux et forêts à ce niveau et dans les conditions optimales avec une ligne budgétaire pour doter le personnel en armement, habillement, logistique, matériel roulant et équipement de transmission. Comme vous le voyez, nous rentrons dans le cadre du renforcement des capacités du personnel, pour mieux, peut-être, aller vers tout ce que nous venons de dérouler comme résultat…
Il faut préciser aussi, et sur un autre plan, quand on parle de restauration des bases productives, ce sont les terres. Nous avons parlé du pâturage, de l’agriculture, des espaces forestiers et autres. Mais, il faut dire que nos plans d’eau, nos cours d’eau, les mares et autres en font partie. Et à ce niveau, pour la période de 1 an jusqu’au 31 décembre 2024, comme je l’ai cité, 38 mares ont été empoissonnées. Nous cherchons à améliorer les statistiques de pêche pour avoir les résultats beaucoup plus tangibles à ce niveau, c’est-à-dire et, comme on le dit dans le langage courant, pour ne pas avoir des fuites. Nous sommes à 73.321 tonnes de production piscicole. Toujours, au plan des statistiques, il faut ajouter la production de 124.258 tonnes du Moringa, 96.339 litres de miel. Et là, il faut préciser qu’il y a deux zones pourvoyeuses de miel qui n’ont pas fait l’objet de statistiques durant cette année compte tenu des aspects sécuritaires. Quand nous prenons la zone de Tamou, dans le département de Say, et aussi dans le département de Torodi, tout ce qui est de la zone de Makalondi et autres sont des zones très pourvoyeuses de miel.
Monsieur le ministre, depuis des années, on parle du projet de la Grande Muraille verte. Où en sommes-nous et comment accélérer aujourd’hui la mise en œuvre de cet ambitieux programme ?
L’initiative panafricaine de la Grande Muraille a été lancée depuis 2005, avec comme vision de rétablir la viabilité des écosystèmes et des systèmes productifs dans les zones rurales organisées en pôles ruraux de production et de développement intégré, sur une bande qui traverse le continent africain de Dakar à Djibouti, sur 8000 km. Cette période a été caractérisée par la mise en place des agences nationales de la Grande Muraille, comme c’est le cas dans nos trois pays, et le développement des stratégies et approches diverses.
Mais l’opérationnalisation concrète avec des réalisations physiques sur le terrain au profit des communautés tarde à se concrétiser. C’est partant de ce constat d’ailleurs que Son Excellence le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie a fait de ce point un des points de notre lettre de mission pour accélérer la mise en œuvre de la Grande Muraille. À ce niveau, permettez-moi de rappeler que, dans la nouvelle reformulation de la Grande Muraille, il ne s’agit pas seulement de venir ériger une bande de plantation. Vous savez que le premier tracé qui voulait de cette bande, ne prenait pas en compte une grande partie de notre pays, l’idée de 2005.
Mais, les nouvelles stratégies de ce programme intégré prennent en compte plusieurs aspects des questions environnementales, mais aussi des aspects socio-économiques en vue de lutter contre la pauvreté et pour l’amélioration de la résilience des communautés. Et ce nouveau tracé, qui prend en compte entre les isoètes 100 pratiquement à 500 mm, donne une certaine priorité au Niger. Sur nos 266 communes, aujourd’hui, 228 communes sont prises en compte. Alors que par l’autre tracé, nous n’avons pas plus d’une vingtaine de communes qui sont pratiquement sur la bande sud.
Donc, ça veut dire qu’aujourd’hui, jusque dans le nord de notre pays, nous avons des communes qui sont prises en compte. C’est déjà un point qui est gagné à ce niveau pour faire ces interventions, non seulement socio-économiques, mais aussi de restauration de l’environnement.
Pour revenir aux actions, en vue d’accélérer la mise en œuvre de la Grande Muraille, les initiatives suivantes ont été entreprises. C’est la redynamisation des structures de la gouvernance de la Grande Muraille, notamment la désignation des structures membres du Conseil d’administration. Et c’est l’affectation par l’État d’un siège récemment, donc l’acquisition de la logistique en vue d’améliorer les conditions de travail des agents à ce niveau, étoffer aussi les insuffisances en experts au niveau de l’Agence. Il y a aussi la mise en place de six coalitions de la Grande-Muraille, dont deux au niveau régional à Dosso et Tahoua, quatre au niveau communal : Matankari, Dankasari, Alela et Bazaga, et l’identification des communes d’accueil des sites fermes agricoles communautaires intégrées.
Et comme vous le constatez à ce niveau, ça veut dire que la question des synergies que nous avons développée plus haut, entre le ministère de l’Agriculture et nous, s’impose aussi à ce niveau dans la conduite des actions du point de vue restauration de l’environnement et sécurité ou souveraineté alimentaire. Aussi, c’est la cartographie des acteurs de la Grande Muraille en vue de faciliter la capitalisation de toutes les interventions et favoriser la synergie d’actions dans l’emprise de la Grande Muraille et dans nos 228 communes.
Et, c’est l’institutionnalisation aussi pour accélérer la mise en œuvre de la Grande Muraille que nous avons bien voulu proposer à l’autorité. L’institutionnalisation de la Journée nationale de l’arbre et le développement d’un modèle de reboisement, tel que nous l’avons évoqué tout à l’heure à travers le site de Guesselbodi.
Et, nous annonçons d’ailleurs que, dans le cadre de la mise à l’échelle de ce concept de reboisement, nous allons profiter aussi cette année pour lancer le programme ‘’Bois des héros de la résistance à la colonisation’’. Comme vous le savez, je n’ai pas besoin de les citer ici, c’est pratiquement dans toutes nos régions. Donc, on va essayer de corroborer cela avec nos traditions et nos mœurs.
Cela, c’est la résultante des échanges avec vous autres, les communicateurs, pour mieux amener la communauté à appréhender les politiques et stratégies en matière d’accélération de la Grande Muraille. Et, il faut préciser aussi que c’est la mobilisation des ressources financières. Donc à ce niveau, nous sommes aujourd’hui à l’endossement de 6 projets.
Dans le cas de la Grande Muraille, aussi, il y a la question de l’évaluation du carbone séquestré dans les plantations qui a été réalisé entre 2020 et 2023. Comme vous le savez, c’est un potentiel de séquestration de l’ordre de 26,6 millions de tonnes de CO2, donc de carbone, qui a été estimé.
Et quand on doit lui donner une valeur chiffrée numéraire, c’est pratiquement de l’ordre de 456 millions de dollars. Si on arrive à mobiliser 50 % de ressources, cela nous permettra de pouvoir aller concrètement à l’accélération de la mise en œuvre des opérations de la Grande Muraille verte.
Mais où trouver ces ressources, monsieur le ministre ? Parce que le problème qui se pose, avec tous ces Etats qui sont concernés par la Grande Muraille, d’où viendront les financements pour réaliser cet ambitieux programme ? Comment ça va se passer concrètement ?
Comme je l’ai précisé tout à l’heure, la mise sur le marché de ces millions de tonnes de carbone, puisque ces plantations existent déjà et ces plantations sont en train de jouer un rôle écologique de séquestration de carbone. Nous avons parlé de la cartographie tout à l’heure dans la restauration. Voilà en réalité un des avantages de cette cartographie, parce que c’était vraiment à point nommé que le chef de l’État l’a exigé. C’est cette cartographie qui est en train de nous permettre de connaître le potentiel existant de tout ce que nous avons aujourd’hui comme plantations de gommier et autres. C’est tout cela, qui contribue à la séquestration du carbone.
C’est dire que ce sont pratiquement des montants énormes qui sont là et qu’il faut circonscrire pour pouvoir les mettre sur le marché. Nous avons les fonds verts climat qui sont prêts. Tout ce qui reste, c’est de pouvoir maîtriser ces méthodologies d’évaluation et pouvoir les mettre sur le marché et mobiliser les fonds à ce niveau qui vont être injectés. Il y a aussi, les efforts sur le budget national, donc la contribution de l’État sur laquelle nous pouvons aussi compter.
(La suite dans nos prochaines parutions)
Script : ONEP