Lors des travaux de la revue annuelle du secteur de l’éducation et de la formation, des experts internationaux ont restitué ce 20 septembre à Niamey, les conclusions de l’enquête qu’ils ont conduite sur la réforme du curricula au Niger. Cette évaluation financée par l’Union Européenne permet de dégager des perspectives sur les effets de la réforme et des perspectives crédibles pour l’avenir du système éducatif nigérien. La restitution s’est déroulée en présence des gouverneurs des régions de Maradi et Zinder, des cadres principaux de l’éducation, de la cheffe de la délégation de l’Union Européenne au Niger également, chef de file des PTF du secteur de l’éducation, de même que celle de plusieurs partenaires et représentants de la société civile.
Participant par visioconférence à la restitution, MM. Xavier Roegiers, Martin Campaoré et Mohamed Miled ont mis en évidence, dans leur enquête, des qualités certaines liées au processus initial de la réforme, à l’esprit d’une approche ancrée dans l’environnement de l’élève, à la quantité d’outils élaborés et de formations organisées, en plus des qualités liées à une harmonisation méthodologique appréciable des disciplines. Les résultats de l’enquête montrent également que la plupart des acteurs du système éducatif nigérien sont favorables à une introduction du bilinguisme dans les écoles.
Sur un autre plan, les experts de l’évaluation révèlent aussi des limites importantes dans plusieurs domaines, à savoir le manque de véritables situations complexes à traiter par chaque élève dans les curricula, l’absence d’une conception bilingue fondée sur le transfert de la langue nationale vers le français et l’inadéquation des programmes en langues nationales avec les particularités linguistiques, culturelles et régionales de chaque langue. Les conclusions montrent également des limites dans l’application de la reforme dans une langue nationale qui n’est pas la langue maternelle de tous les élèves de la classe, la distribution défaillante ou tardive du matériel pédagogique et l’affectation d’enseignants ne maitrisant pas la langue nationale de leur école ou non formés dans des classes expérimentales. D’où les quatre (4) propositions que font les auteurs de l’enquête pour reformer le curricula au Niger.
Pendant les échanges qui ont suivis la restitution, l’ambassadrice de l’Union Européenne au Niger, Mme Denisa-Elena Ionete, a salué le débat public autour la reforme curriculaire, une garantie qui permet de trouver des réponses aux nombreuses questions posées. Elle a rappelé que l’éducation est un domaine que l’Union européenne et les partenaires du Niger sont prêts à soutenir en vue de continuer « cet engagement responsable » et répondre aux questions si importantes pour le pays, ses enfants et les jeunes du Niger. « Nous allons bien sûr suivre et analyser les discussions et les conclusions qui en sortiront afin de trouver, ensemble, des solutions et des innovations qui permettent aux enfants et à la société nigérienne d’avancer », a indiqué Mme Denisa-Elena Ionete.
A sa suite, le secrétaire général du ministère de l’éducation nationale a déclaré que le Niger a pris l’option souveraine de faire une reforme curriculaire qui sera élaborée par les techniciens nigériens pour servir les aspirations et les besoins du pays. « Cette réforme, nous la voulons du préscolaire à l’enseignement supérieur. Nous allons nous ouvrir sur les autres langues, mais ce sont nos langues nationales qui seront les mediums d’enseignement et d’apprentissage » a-t-il insisté. Pour M. Mohamed Zeidane, le Niger a le bonheur d’avoir plusieurs langues nationales et il incombe aux techniciens de l’enseignement de trouver « le juste milieu », en tenant compte notamment de la société nigérienne et sa demande.
Le secrétaire général du ministère de l’éducation nationale s’est réjoui des remarques pertinentes soulevées par l’enquête et a ajouté que le pays prendra le temps nécessaire pour produire un résultat positif dans sa réforme. « Nous allons patiemment, de façon raisonnée et raisonnable, avancer sur notre reforme curriculaire, avec nos partenaires dans les délais que nous estimons les meilleurs et avec les scenarii que nous estimons le meilleurs », a-t-il affirmé. Il a appelé l’ensemble des acteurs du secteur à conjuguer leurs efforts afin que les priorités du Niger soient les priorités des partenaires.
Souleymane Yahaya(onep)